cas de douleurs nevralgiques trop penibles, les injections
d'heroine sont indiquees; mais il faut savoir que l'heroine doit se
manier a doses trois fois moindres que la morphine; en d'autres termes,
on ne doit jamais depasser un milligramme d'heroine, surtout chez les
malades dont on ne connait pas la tolerance. L'action antinevralgique de
l'heroine nous a semble superieure a celle de la morphine; mais il faut
bien se rappeler que l'heroine est un medicament aussi dangereux que la
morphine, auquel les malades s'habituent, et reserver son emploi pour
les cas exceptionnels. J'ai souvenir d'un malade chez lequel je me
disposais, a contre-coeur, a employer l'heroine, lorsque, me ravisant,
je me demandai si la nevralgie crurale qui le torturait ne serait pas,
par hasard, d'origine syphilitique. Or, en reconstituant son histoire,
j'acquis la conviction que la syphilis etait vraiment en cause; et une
seule piqure de calomel eut raison a tout jamais de cette nevralgie
si penible; tant il est vrai que le medecin doit toujours penser a la
syphilis, quel que soit le malade qu'il a devant lui.
Chez les adultes, le traitement de choix de la syphilis tertiaire,
quelle que soit la manifestation syphilitique (aortite, gommes), nous
semble etre les injections mercurielles; celles au benzoate sont
douloureuses, et donnent des nodosites desagreables; celles de biiodure
en solution aqueuse sont tres douloureuses. Nous preferons l'huile grise
pour les cas moyens, le calomel pour les grandes circonstances, et
l'huile au sublime,--dont nous avons donne la formule en 1881 a la
Societe de Dermatologie,--chez les syphilitiques epuises, auxquels
l'huile sert d'aliment.
Et puisque nous parlons d'injections huileuses, le moment est venu de
dire un mot de nos travaux anterieurs sur l'action dynamogenique de
l'huile creosotee, en injections sous-cutanees _a dose maxima toleree_.
Nous les avons surtout employees et les employons encore chez les
tuberculeux; mais nous etions guide par une fausse conception theorique;
et si la creosote _bien maniee_ reste,--et restera longtemps,--le
medicament de choix chez les tuberculeux, ce n'est pas parce qu'elle
agit contre le bacille de Koch, comme antiseptique, c'est parce qu'elle
a une action non douteuse, extraordinairement puissante, sur le systeme
nerveux.
La creosote est, en effet, un agent dynamogenique de premier ordre.
Aussi les tuberculeux sont-ils loin d'etre les seuls malades qui
puissent tirer p
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