iteurs ne
l'assassinent pas en lui parlant de leurs affaires personnelles, alors
que la victime n'a qu'une affaire qui l'interesse au monde! Vraiment,
tous ces consolateurs de passage feraient mieux de rester chez eux;
non seulement ils ne sont d'aucune utilite, mais ils contribuent a
entretenir la "maladie", surtout quand ils se succedent pres du lit des
patients. Chose curieuse, les amis les plus intimes, ceux qui dans le
cours ordinaire de la vie recevaient les confidences les plus secretes,
n'ont plus, pres du malade, le credit anterieur. Cela tient en partie
a ce que l'amitie d'autrefois etait entretenue par des confidences
reciproques; or, a partir du jour ou le malade a ete serieusement
touche, il n'y a plus de reciprocite possible, car les affaires de ses
meilleurs amis ne l'interessent plus, il ne s'interesse qu'aux siennes,
c'est-a-dire a sa "maladie".
Le malade prendra-t-il, comme confidents de ses graves preoccupations,
les personnes de son entourage immediat, pere, mere, mari, femme, etc.?
Quelle mediocre ressource!--Certes, ce n'est ni le devouement, ni la
bienveillance, ni la tendre affection qui font defaut aux membres de
la famille; mais le malade se garde bien de leur confier ses chagrins
intimes, d'abord par crainte de les alarmer, et ensuite parce qu'il sait
d'avance ce que pourront lui dire ces personnes, qu'il connait de tout
temps. Qui alors? Le pretre? Mais, bien souvent, le pretre n'a pas ses
entrees dans la maison; et meme, s'il s'agit d'un malade dont l'etat
soit un peu inquietant, la famille de celui-ci fait tout ce qu'elle peut
pour retarder une visite qui risque de l'effrayer. Il sera bien temps
d'appeler le pretre quand le malade sera sans connaissance!
Que reste-il donc?--Le medecin.
Le besoin qu'a de lui le malade, pour la sante de son corps, lui donne
une influence et une autorite morales superieures a celles memes des
parents ou des amis les plus respectes. C'est a lui surtout que le
malade est tente de confier ses doutes, ses preoccupations d'au-dela,
ses vagues espoirs, tout ce monde d'idees qui s'agitent en lui avec une
abondance et une intensite inaccoutumees.
Au medecin, donc, d'etre a la hauteur de sa tache, sur ce domaine
particulier de la psychotherapie, dont l'importance est souvent
capitale.
Mais que doit-il faire? En presence d'un malade qu'il voit partage entre
des restes de foi plus ou moins effaces, et cet etat d'incredulite,
active ou passive, qui est aujour
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