d'hui si commun; en presence d'un
malade qui, sans croire qu'il va mourir, craint cependant de mourir,
et se demande avec angoisse si cette mort signifiera vraiment pour
lui l'aneantissement eternel, ou bien s'il y a quelques chances qu'il
retrouve ailleurs, avec une vie nouvelle, la societe de ceux qu'il a le
plus aimes sur cette terre; en presence d'un tel malade, que doit faire
le medecin? Il faut que, dans ces graves circonstances, il ne perde
jamais de vue que le malade est semblable a un noye qui cherche a se
raccrocher a la moindre branche de salut; si donc il n'a a lui offrir
que de froides theories philosophiques, aboutissant a la desesperance
finale, s'il est lui-meme bien convaincu que la mort signifie, pour le
malade, la fin absolue, et la separation a jamais d'avec ce qui lui
est cher, alors il fera mieux de se taire et de garder pour lui des
doctrines qui, en admettant meme qu'elles fussent exactes, ne pourraient
etre, ici, d'aucun reconfort. Ce dont le malade a besoin, c'est
de soutien moral, c'est de foi, c'est surtout d'esperance. Or, ou
trouvera-t-il tout cela en dehors de la doctrine de celui qui a dit:
"Venez a moi, vous tous qui souffrez, et je vous soulagerai?"
L'influence utile de la religion est, d'ailleurs, reconnue par tous les
medecins qui se sont occupes des "maladies" nerveuses; et c'est avec
plaisir que nous avons lu les lignes suivantes, dans le livre du Dr
Dubois[13], de Berne, qui cependant, dans le reste de son ouvrage,
developpe avec complaisance des theories philosophiques fort eloignees
de l'orthodoxie chretienne:
[Note 13: Dr Dubois. _Les Psychonevroses et leur traitement moral_,
1904.]
"La foi religieuse pourrait etre le meilleur preservatif contre ces
"maladies" de l'ame, et le plus puissant moyen pour les guerir, si elle
etait assez vivante pour creer, chez ses adeptes, un vrai stoicisme
chretien. Dans cet etat d'ame, helas! si rare, dans les milieux bien
pensants, l'homme devient invulnerable; se sentant soutenu par son Dieu,
il ne craint ni la "maladie" ni la mort. Il peut succomber sous les
coups d'une "maladie" physique, mais, moralement, il reste debout au
milieu de sa souffrance, il est inaccessible aux emotions pusillanimes
des nevroses." Et, plus loin, a la lecon, XXXV: "Ceux a qui leur
tournure d'esprit permet encore la foi naive trouveront un appui dans
leurs convictions religieuses, a condition qu'elles soient sinceres et
vecues."
Mais, s'il en est ainsi, est-
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