al est plus profond encore, et
l'expression de "vie brisee" est absolument juste. La perte d'un etre
cher atteint la vie dans ses sources profondes, amoindrit, d'un seul
coup, le capital biologique. Le malade trainera une existence plus
ou moins lamentable, et plus ou moins prolongee; mais les moyens
therapeutiques les plus actifs ne le gueriront pas. Seule une saine
philosophie attenuera ses maux, et le medecin a surtout a lui offrir une
bonne psychotherapie. Le temps, aussi, devient un remede avec lequel il
faut compter; le role principal du medecin, dans les cas de ce genre,
doit etre d'empecher l'organisme de s'effondrer, pour permettre au temps
d'accomplir son oeuvre reparatrice.
4 deg. _Choc moral et choc traumatique_.--Une emotion violente, quelle
qu'en soit la cause, peut egalement amener la "maladie" sous une forme
quelconque, et parfois lui faire revetir immediatement, sans transition,
les formes les plus graves. Je connais un officier tres distingue, et
bien portant jusqu'alors, qui, etant a l'Ecole de guerre, fit une chute
de cheval sur la tete. Apres deux jours de perte presque complete de
connaissance, il recouvra successivement la parole, la memoire, le
mouvement, les forces; mais il etait devenu un malade. Depuis douze
ans, il traine une existence pitoyable. Ce ne sont pas seulement les
fonctions cerebrales qui sont atteintes, chez lui; elles sont meme
relativement respectees, il n'a que des vertiges, des bourdonnements de
l'oreille gauche, des picotements dans les yeux, de la difficulte a lire
et a causer. Au demeurant, son intelligence est restee intacte: mais
toutes ses autres fonctions ont ete perturbees. Il a des nevralgies
erratiques,--plusieurs medecins ont cru que c'etait un candidat a
l'ataxie locomotrice,--et surtout il a les troubles digestifs les plus
varies (gastralgie, pesanteurs, gaz, ainsi que de l'enterite membraneuse
avec alternative de constipation opiniatre et d'une diarrhee qu'il est
difficile d'arreter). Les forces sont tellement reduites qu'il peut
a peine faire deux ou trois kilometres, bien qu'il ait conserve les
muscles d'un homme vigoureux. Chez ce type de malade, atteint de ce
qu'on appelle la "neurasthenie hystero-traumatique", ce sont les
troubles digestifs qui sont au premier plan, bien que le choc ait porte
sur la tete.
De meme une frayeur, sans qu'il y ait eu de _trauma_ veritable de la
boite cranienne, suffit pour amener le choc determinant la "maladie".
J'ai vu a la
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