nt alles, sur notre conseil, consulter tels ou
tels confreres renommes pour leur habilete ou leur connaissance speciale
de l'hypnotisme, et toujours avec un insucces complet.
C'est la une premiere raison qui restreint grandement l'emploi de
l'hypnose. Une deuxieme raison qui doit le limiter, c'est que, quand
on emploie l'hypnotisme, on risque de se discrediter, dans l'esprit du
malade, si on ne reussit pas du premier coup, et alors on le prive du
secours qu'on aurait pu lui donner si on n'avait pas, par une fausse
manoeuvre, perdu irremediablement sa confiance. Mais il existe des
procedes permettant de savoir si oui ou non le malade est hypnotisable,
de facon qu'on puisse ne marcher qu'a coup sur, et laisser de cote, sans
en avoir l'air, les sujets non facilement hypnotisables.
Un autre motif encore restreint l'emploi de l'hypnose: c'est que
celle-ci, quand elle reussit, risque de devenir un moyen therapeutique
trop actif. Meme avec la plus grande prudence, on ne parvient pas
toujours a en graduer les effets, et le medecin s'empare souvent par
trop de l'esprit du malade, au point que ce dernier ne peut plus rien
faire sans son conseil.
J'ai connu un ingenieur des chemins de fer, renomme pour sa severite a
l'egard des inferieurs, et nevropathe de grande marque. Son medecin crut
bien faire en le traitant par l'hypnose; et il se trouva, par hasard,
que c'etait un sujet de premier ordre. Un jour, pendant le sommeil
hypnotique, le medecin lui intima l'ordre d'avoir, a l'egard de ses
inferieurs, plus de bienveillance; et voici que, des le lendemain, les
procedes de cet homme a l'egard de ces inferieurs se firent tellement
bienveillants, affables, affectueux, qu'il devint la risee de ses
subordonnes eux-memes, et un sujet d'etonnement pour ses chefs. Il ne
parlait plus que de devoir social, d'altruisme, de solidarite humaine.
On le crut fou; il ne l'etait pas, mais il etait devenu tellement
different de lui-meme qu'il fallait aviser. Le medecin, averti de ce
changement a vue, s'efforca, en plusieurs conversations, de moderer le
zele charitable du neophyte; il n'y parvint pas. Le malade discutait
avec lui les theories socialistes, et serait devenu le pire des
utopistes. Il fallut une nouvelle seance d'hypnose pour attenuer, au
point voulu, les effets de la suggestion premiere.
Pourquoi employer un moyen aussi actif quand on peut s'en passer? Autant
demander pourquoi l'ingenieur ne se sert pas de dynamite pour faire
saut
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