er une motte de terre. Pourquoi mettre un mors arabe a un cheval qui
ne demande qu'a se laisser conduire? Reservons donc le mors arabe pour
les cas ou l'animal est indocile, indomptable, et retif!
Ajoutons que, une fois produit l'effet a obtenir, le medecin doit cesser
de recourir a l'hypnose, sous peine de compromettre le resultat final.
Une fois le blesse remis en selle, on doit lui rendre la direction de
sa monture. Pour bien faire comprendre ma pensee, je prendrai la
comparaison suivante: l'hypnose est a la defaillance du systeme nerveux
ce que l'opotherapie thyroidienne est a l'insuffisance fonctionnelle
du corps thyroide, ce que l'opotherapie hepatique est a l'insuffisance
fonctionnelle du foie. Or, de meme que le medecin qui s'est servi
de foie de porc pour remettre en etat un hepatique, ne continue pas
indefiniment l'emploi du foie de porc, de meme le psychotherapeute doit
cesser l'emploi de l'hypnose des qu'il a obtenu le resultat voulu,
c'est-a-dire des qu'il a remis le malade en assez bon etat pour pouvoir
compter sur sa collaboration consciente, et lui demander un effort
personnel de gymnastique psychique; de sorte que quatre ou cinq seances
suffisent, dans la majorite des cas.
Toutes ces considerations expliquent la rarete des cas ou l'hypnotisme
est a conseiller. Mais quant a dire, comme le font les adversaires
irreconciliables de la therapeutique par l'hypnose, que quelques seances
amenent, chez le malade, une perturbation d'esprit incurable, que
l'hypnotisme "dissocie la personnalite normale du sujet" (Grasset),
"aboutit a la ruine deplus en plus complete de ce moi qu'on voudrait
sauver" (Duprat), c'est tout simplement enoncer une erreur. L'hypnotisme
bien manie n'est pas si dangereux. Je n'ai vu qu'une fois, dans le
service de Charcot, l'hypnose amener chez un homme une violente attaque
d'hysterie. Et dire, avec certains scrupuleux, que les pratiques de
l'hypnotisme ont quelque chose de degradant pour la dignite humaine,
parce que le medecin qui impose sa volonte au malade porte atteinte au
dogme de la liberte, c'est enoncer une erreur non moins absolue, la
suggestion hypnotique n'etant pas autre chose que la suggestion a l'etat
de veille poussee a sa deuxieme puissance; a ce compte, on n'aurait
plus le droit de donner un conseil. Enfin, dire que les pratiques de
l'hypnose sont mal vues dans le monde, et discreditent le medecin, c'est
affirmer une verite, mais qui ne nous toucherait en rien, car le me
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