ut-il, dans ce cas, essayer de
boucher la fuite, dire au malade qu'il ne doit pas penser a ce qui
le preoccupe? Mais c'est lui demander l'impossible, et le torturer
inutilement. Il faut, au moins une fois, lui laisser exposer, avec les
plus amples details, les causes de sa souffrance morale; mais, ceci
fait, pour acquerir sa confiance, il ne faut presque plus lui permettre
d'en parler, et, en echange, il faut lui trouver des derivatifs. De meme
que, dans une hemorragie pulmonaire, le medecin bien avise fait une
saignee generale, qui arrete l'hemorragie, de meme le psychotherapeute
ne doit, pour ainsi dire, pas lutter contre l'idee obsedante, mais faire
naitre des courants d'idees derivatifs; en d'autres termes, remplacer
une idee morbide par une serie d'idees saines. C'est la psychotherapie
_derivative_.
Un autre moyen d'economiser les fuites nerveuses, moyen a employer dans
les cas exceptionnels, c'est de conseiller au malade l'acceptation du
fait acquis, en d'autres termes la resignation; c'est la psychotherapie
_sedative_. Que le malade accepte le fait accompli, qu'il cesse de se
cabrer contre les circonstances qui ont produit ou qui entretiennent
la "maladie", de se nourrir de son chagrin, de se rememorer les causes
morales qui l'ont amene; et il s'evitera une fatigue nerveuse enorme.
Cette passivite produira sur lui l'effet sedatif d'une sorte de sommeil
de la cellule nerveuse.
Quand la resignation, au lieu d'etre pour ainsi dire passive, est un
acte volontaire en vertu duquel le patient accepte, en toute liberte,
sans restrictions, sans protestations, ses miseres, pour les offrir
dans une intention quelconque, elle devient tout le contraire de la
passivite, et deja elle rentre dans la deuxieme categorie des moyens
psychotherapiques. L'etude de cette resignation active va donc nous
servir de transition toute naturelle.
La resignation ainsi comprise est un acte. Repeter plusieurs fois par
jour qu'on se resigne, c'est faire, plusieurs fois par jour, acte de
volonte; et encourager le malade a accomplir cet acte de volonte, c'est
faire de l'excellente psychotherapie _reconstituante_. Malheureusement,
cette resignation active est a la portee de peu d'inities. Elle suppose
toute une doctrine philosophique: la doctrine de la solidarite humaine,
de la reversibilite des merites et des souffrances, en un mot la
doctrine du renoncement; et peu de malades la connaissent. Aussi est-ce
a titre exceptionnel que les ressourc
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