s'evite des
pertes considerables d'influx nerveux.
D'une facon generale, il faut inspirer aux malades le respect du temps,
leur faire comprendre que le temps, c'est l'etoffe dont la vie est
faite, et qu'il n'est pas permis d'en gaspiller une parcelle: que c'est
par le respect du temps qu'on trouve le moyen de faire une foule de
choses utiles avec un minimum de depense. S'ils parviennent a comprendre
cette verite, ils trouveront eux-memes, peu a peu, un _modus vivendi_,
qui, sans qu'ils s'en doutent, leur fera faire des economies de depense
nerveuse. Recommander aux malades de prendre des habitudes _d'ordre_, de
tout regler dans leur vie,--les heures du lever, du coucher, des repas,
etc.,--de donner a chaque chose, a chaque preoccupation, la place et
l'importance qui lui conviennent, est encore un moyen de leur
epargner les depenses nerveuses inutiles, et de faire de l'excellente
psychotherapie.
Appliquons ces idees generales a un cas particulier. Voici une jeune
fille atteinte de ce qu'on appelle la "folie du doute"; des son lever,
elle ne saura quelle robe mettre, elle en essaiera trois ou quatre, et
finira par reprendre la premiere; elle passera deux heures a faire sa
toilette, ne sachant si elle doit commencer par se coiffer ou par se
laver les mains; et toute sa journee se passera ainsi dans un etat vague
d'anxiete. Le soir, la situation est plus penible encore: la malade ne
parvient pas a se coucher, elle met deux heures pour se deshabiller,
s'interrompant a tout instant pour confier a un petit cahier une foule
d'idees qui ont torture son cerveau et qui n'ont pas pu prendre corps.
On dirait qu'elle cherche a les fixer en les ecrivant. J'ai chez moi
plusieurs collections de petits registres qui sont tous inspires par
ce meme esprit. Or, cette agitation sterile, continue, occasionne une
depense cerebrale enorme. Si l'on veut bien etudier une malade de ce
genre, on verra qu'elle n'est pas malade que de la tete, mais que tout
est malade chez elle. Elle digere mal, elle est amaigrie, elle a
des urines rares et chargees alternant avec des urines claires et
abondantes. Elle est mal reglee, etc.
Il lui faut donc, avant tout, un traitement general; dont nous
indiquerons plus tard les grandes lignes, mais il lui faut aussi un
traitement psychotherapique.--Et lequel? La premiere chose est de lui
dire combien cette maniere de faire est ridicule: cela, on n'aura pas de
peine a le lui faire admettre, elle le sait tres bien
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