soit debarrassee de ces
poisons (diete absolue d'abord, puis tisanes et repos); quant a chercher
a favoriser l'elimination des poisons par des purgatifs ou des vomitifs,
c'est tres legitime en theorie, mais, en fait, tres dangereux, car on
ajoute ainsi un element de perturbation qui aggrave parfois grandement
l'etat morbide.
Ajoutons enfin que, le plus souvent, l'intoxication alimentaire
n'occasionne qu'a la longue la perturbation du systeme digestif; et
c'est alors qu'il est si difficile de rapporter les effets directs et
eloignes de cette perturbation a leur cause veritable.
IV. _Alcool_.--Certes, l'alcool et toutes les boissons distillees,
quelque pompeuse que soit l'etiquette de leur flacon recepteur,
constituent un aliment meurtrier; et nous leur faisons grand honneur en
leur conservant le nom d'aliment. C'est par deference pour la memoire de
Duclaux, qui a excite de si vives polemiques en ecrivant que l'alcool
etait un aliment. Les ravages produits par l'alcoolisme sont de ceux
que deplorent tout hygieniste et tout bon citoyen; aussi ne saurait-on
encourager trop les ligues contre l'alcoolisme, les societes de
temperance, etc. Mais que peuvent tous ces petits efforts contre
les vraies causes de l'alcoolisme, qui se rattache aux conditions
economiques de la societe? L'alcoolisme durera aussi longtemps que
l'impot sur l'alcool, qui, au dernier exercice, avait rapporte a l'Etat
358 392 000 francs (et dans ce chiffre ne sont pas compris les droits
sur les vins, cidres, bieres, etc.); aussi longtemps que la puissance
electorale du marchand de vin; aussi longtemps que le malaise
de l'ouvrier, pousse au cabaret par la destruction du foyer et
l'insalubrite du logis...
Et l'on ne peut meme s'empecher, tout en souhaitant sincerement le
succes des genereux efforts des ligues anti-alcooliques, de conserver un
reste de pitie pour les malheureux qui trouvent dans l'alcool un oubli
momentane aux miseres humaines. C'est souvent leur malheur, et non leur
faute, s'ils tombent dans la degradation progressive qu'on deplore a
trop juste titre.
Mais autant est legitime la campagne contre les boissons distillees,
autant, a notre avis, les boissons fermentees devraient trouver grace
devant la rigueur des hygienistes; et nous pensons que la ligue
anti-alcoolique francaise, pour ne parler que d'elle, compromet d'une
facon irremediable le resultat qu'elle poursuit, si elle continue a
proscrire les boissons _fermentees_. Qu'un inte
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