llectuel dyspeptique ne
tolere pas une goutte de vin a ses repas, c'est chose possible, et il
fera bien de s'en abstenir; mais proscrire le vin, la biere, le cidre,
c'est commettre une faute contre le bon sens. Il y a quelques annees,
on pouvait dire qu'un litre de vin representait 100 grammes de mauvais
alcool; mais depuis la surproduction des vignes francaises, et depuis
qu'on a diminue les droits d'octroi, le vin est devenu une boisson
hygienique, quand elle est prise a petite dose par des gens dont
l'estomac n'est pas delabre. Certes, l'ouvrier charge de famille ferait
mieux, comme le lui conseillent les hygienistes en chambre, de depenser
a l'achat d'aliments azotes, ou hydro-carbones, le franc qu'il depense
a acheter du vin; mais que deviendrait la vie si elle etait soumise aux
tyrannies des theoriciens hygienistes?
Pour les soldats, en particulier, il serait a souhaiter que le vin
entrat dans la ration reglementaire. Presque tous apprecient enormement
le vin, et rien ne leur va plus au coeur que l'attention du chef qui
leur octroie aimablement un quart de litre de vin. Malheureusement, il
ne faut pas songer avant longtemps a introduire l'usage regulier du vin
dans l'armee, a cause de la depense: si l'on voulait se rappeler que,
chaque fois qu'on augmente d'un centime par jour la depense du soldat
francais, le budget se trouve greve d'un million par an, on mettrait fin
du coup a toutes les discussions, plus ou moins interessees, qui font
perdre a nos legislateurs un temps precieux.
Un esprit chagrin pourrait nous repondre que l'eau sterilisee que l'on
donne aux soldats coute plus cher que le vin, si l'on tient compte du
prix d'achat des appareils sterilisateurs, du prix du combustible, et
surtout de la repugnance invincible qu'ont les soldats a boire cette eau
cuite, presque toujours tiede malgre les soins qu'on met a la refroidir
apres la sterilisation; mais nous aurions mauvaise grace a nous associer
a ces critiques. Il ne faut decourager les efforts de personne.
Je m'empresse d'ajouter que, si le vin est une boisson recommandable
pour l'adulte valide, chez le malade le vin et les autres boissons
fermentees sont, en general, de veritables toxiques; et c'est par
la suspension du vin qu'il faut commencer le traitement de tous les
dyspeptiques. Mais quand l'estomac a cesse de protester, quand il s'agit
d'aider a la reconstitution du systeme nerveux, le vin devient un
adjuvant utile; et non pas sous une forme p
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