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l'alimentation est indiquee pour une grande neurasthenique qui ne veut
ou ne peut pas manger, nous la lui imposons par suggestion a l'etat
de veille. Mais la n'est pas encore la difficulte veritable. La
vraie difficulte est de savoir a quel moment il faut alimenter. La
responsabilite du medecin est, quelquefois, bien gravement engagee
dans ce probleme. S'il alimente a tort, soit a la sonde, ou meme par
suggestion ou par persuasion, il risque de donner a sa malade une
indigestion formidable, avec fievre ardente et quelquefois collapsus; il
risque, en d'autres termes, d'epuiser les lueurs de vie qui soutiennent
l'existence de la malade. Etant donne ce que nous avons dit du peu
d'aliments qu'il faut pour entretenir la vie, et les risques a redouter
d'une alimentation intempestive, nous croyons qu'il faut patienter le
plus possible, et ne donner a ces malades que le regime ultra-restreint,
sans se laisser emouvoir par la tyrannie de l'entourage, toujours pret a
se figurer que la malade va mourir de faim. Et puis, peu a peu, quand,
par une alimentation restreinte mais bien conduite, on a ete assez
heureux pour vaincre l'intolerance gastrique,--et on y arrive
toujours,--alors seulement on alimente plus genereusement.
Nous savons que ce n'est pas la maniere de proceder habituelle de nos
confreres renommes pour le traitement des grandes nevroses; mais nous
ne pouvons pas admettre que tous les malades, quel que soit le degre de
leur "maladie", soient justiciables d'un meme procede therapeutique, et
que, apres six jours de repos au lit et de regime lacte, il suffise
de leur dire: "Mangez, je l'ordonne!" pour qu'ils mangent et qu'ils
digerent n'importe quoi. Ils mangeront peut-etre, mais tous ne
digereront pas.
III. _Alimentation insuffisante en qualite_.--Si l'insuffisance
alimentaire quantitative joue, dans la pathogenie de la "maladie", un
role relativement minime, il n'en est pas de meme de l'insuffisance
qualitative; et la defectueuse qualite des aliments est un ennemi de
tous les jours, d'autant plus dangereux qu'on ne le soupconne point. On
ne saurait croire combien les aliments les plus usuels sont frelates.
Si une chimie bienfaisante permet, par-ci par-la, de decouvrir quelques
fraudes, il est une chimie malfaisante qui fait tous les jours des
progres, et qui nous empoisonne sans que nous nous en doutions. Bientot
le dictionnaire des falsifications alimentaires atteindra le volume du
Bottin. Mais ce n'est pas tout:
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