ou se trouvait un grand corps de garde.
L'on fit partir des patrouilles pour la plus grande surete. Je fus
charge, avec quelques hommes, de visiter l'interieur, afin de voir
s'il ne s'y trouvait personne de cache.
Cette occasion me procura l'avantage de parcourir cette immense
habitation, qui etait meublee avec tout ce que l'Asie et l'Europe
produisent de plus riche et de plus brillant. Il semblait que l'on
avait tout prodigue pour l'embellir, et, cependant, en moins d'une
heure, elle fut entierement consumee, car a peine y avait-il un quart
d'heure que tout etait dispose pour empecher que l'on y mette le feu,
qu'un instant apres il fut mis, malgre toutes les precautions que l'on
avait prises, devant, derriere, a droite et a gauche, et sans voir qui
le mettait; enfin, il se fit voir en plus de douze endroits a la fois.
On le voyait sortir par toutes les fenetres des greniers.
Aussitot, le general demande des sapeurs pour tacher d'isoler le feu,
mais c'etait impossible: nous n'avions pas de pompes, ni meme d'eau.
Un instant apres, nous vimes sortir de dessous les grands escaliers,
par un souterrain du chateau, et s'en aller tranquillement, plusieurs
hommes dont quelques-uns avaient encore des torches en partie
allumees; l'on courut sur eux et on les arreta. C'etaient ceux qui
venaient de mettre le feu au palais; ils etaient vingt et un. Onze
autres furent arretes, d'un autre cote, mais qui ne paraissaient pas
sortir du chateau. Ils n'avaient rien sur eux qui indiquat qu'ils
aient participe a ce nouvel incendie; cependant, plus de la moitie
furent reconnus pour des forcats.
Tout ce que nous pumes faire, fut de sauver quelques tableaux et
d'autres objets precieux, parmi lesquels se trouvaient des ornements
imperiaux, comme manteaux en velours, doubles en peau d'hermine, ainsi
que beaucoup d'autres choses non moins precieuses qu'il fallut ensuite
abandonner.
Il y avait peut-etre une demi-heure que le feu avait commence, qu'un
vent furieux s'eleva, et en moins de dix minutes, nous fumes bloques
par un incendie general, sans pouvoir ni reculer, ni avancer.
Plusieurs hommes furent blesses par des pieces de bois enflammees, que
la force du vent chassait avec un bruit epouvantable. Nous ne pumes
sortir de cet enfer qu'a deux heures du matin, et, alors, plus d'une
demi-lieue de terrain avait ete la proie des flammes, car tout ce
quartier etait bati en bois, et avec la plus grande elegance.
Nous nous remimes en route p
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