ppa a Ghislaine, mais M. de Chambrais continua comme
s'il ne l'avait pas remarque:
--Le pretexte de ce nouveau voyage sera un gout vif pour l'etude de
la peinture qui t'aura pris en Flandre et en Hollande; un besoin de
comparer les maitres de ces pays avec les maitres italiens. Ce pretexte
sera une raison suffisante pour lady Cappadoce, pour nos parents et pour
le monde. Nous partirons donc pour l'Italie. Mais comme en cette saison
la chaleur serait dangereuse pour toi a Venise, a Florence, a Rome, nous
ferons un sejour en Suisse d'abord, puis au bord du lac Majeur ou du lac
de Come, la ou tu te trouveras le mieux; quand l'ete se calmera, nous
descendrons vers le sud, Milan, Venise, Bologne, Ravenne, Florence,
Pise, les petites villes de la Toscane, Rome et Naples. Je pense que ces
etapes seront bonnes pour ton esprit qu'elles occuperont et distrairont,
mais alors meme qu'elles ameneraient parfois un peu de fatigue et
d'ennui, elles devraient avoir lieu quand meme, afin que tu puisses en
parler a ton retour; c'est une sorte d'alibi que nous nous creons. Quand
nous arriverons a Naples, il sera temps que nous ne nous exposions pas a
etre rencontres par des personnes de connaissance. Alors nous partirons
pour la Sicile ou nous passerons les derniers mois de la grossesse dans
un village perdu aux environs de Palerme, a l'abri des indiscrets, et
assez pres de la ville cependant pour avoir a notre disposition un bon
medecin; ce sera ce medecin qui fera la declaration de l'enfant comme ne
de pere et mere inconnus; apres quelque temps de repos nous reviendrons
a Chambrais.
--Et lui?
--Qui?
--L'enfant, murmura-t-elle.
--Il restera chez la nourrice que nous lui aurons trouvee.
--Mais c'est l'abandonner!
--Peux-tu, toi, princesse de Chambrais, elever un enfant naturel;
peux-tu rentrer en France en l'ayant a tes cotes? Je comprends ton cri:
"C'est l'abandonner!" Mais il y a un autre abandon auquel nous devons
penser, c'est celui de ton honneur, celui de l'honneur de notre nom.
S'il etait possible que tu fusses la mere de cet enfant, toutes les
precautions que nous prenons, toutes les combinaisons que j'arrange
seraient inutiles; nous resterions simplement en France, et simplement
nous confesserions la verite, en livrant le miserable a la justice. Pour
etre eleve par une nourrice, une bonne nourrice, un enfant n'est pas
perdu.
--Et apres?
--Quand il aura atteint un certain age, il viendra en France et je
survei
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