vait voulu etre le parrain avec sa femme
pour marraine; on le chargeait d'envoyer toutes les semaines a Paris,
poste restante, a de certaines initiales, un bulletin de la sante
de l'enfant, il trouvait ces precautions toutes naturelles et ne
s'offusquait pas qu'on les prit avec lui; jamais d'opposition, de
contradiction, de suspicion:--"Vous voulez? rien de plus facile, et avec
le plus grand plaisir, tres heureux de vous etes agreable."
Cependant sur cette question du depart de Ghislaine, il avait pour la
premiere fois resiste.
--Je comprends votre desir de rentrer en France, je dirai meme que je le
partage, certainement la Sicile est un pays admirable et Palerme est une
belle ville, mais la France! mais Paris! Et puis il y a les affaires,
les relations, les amities, la famille. Je voudrais donc vous voir
partir, malgre le plaisir que j'aurais a vous garder toujours. Mais il
ne faut rien risquer, rien compromettre. Certainement, les choses se
sont passees pour madame votre fille--il avait toujours appele Ghislaine
"Madame votre fille"--d'une facon extraordinairement providentiellement
favorable. D'abord nous avons eu une fin de grossesse admirable, sans
aucun trouble pathologique, et grace a certaines precautions en usage
en Angleterre, et que notre charmant sujet a bien voulu adopter, sans
aucune fatigue pour lui. Puis l'accouchement a suivi une marche des plus
regulieres, des plus heureuses. Aujourd'hui enfin le retablissement
s'opere si bien, que j'ai la certitude que si dans six mois on me
demandait d'examiner madame votre fille, moi medecin, je serais dans
l'impossibilite de dire qu'elle a eu un enfant et qu'elle n'est pas
primipare.
Il savait ce qu'il disait, l'aimable Sicilien, en abordant ce point,
mais il ne convenait pas a son adresse de laisser voir jusqu'ou il
allait dans ses paroles, aussi voulut-il tout de suite les expliquer de
facon a ce que le comte put les interpreter comme il voudrait:
--En ne considerant que la question de beaute chez la femme, c'est
quelque chose cela. On croit generalement que la grossesse et
l'accouchement laissent des stigmates ineffacables; mais c'est la une
opinion des gens du monde, ce n'est pas celle des medecins. Sans doute
il arrive quelquefois et meme il arrive souvent que ces stigmates
existent, mais il se produit aussi des cas ou ils manquent absolument,
et ce cas est celui de madame votre fille, ou plutot sera celui de
madame votre fille, si vous permettez, en d
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