idees, humeur, caractere,
nature, tout lui avait ete matiere a observation. Claude etait une vraie
brune avec les cheveux ondules, mais cela ne tranchait rien, car si
elle-meme l'etait, lui aussi avait les cheveux noirs frises.
Dans ses traits non plus il ne se trouvait rien qui put la faire
ranger d'un cote plutot que de l'autre, car l'expression du visage,
generalement melancolique, ou tout au moins songeuse et recueillie,
pouvait aussi bien venir de lui que d'elle; toute jeune, Claude avait
ete potelee, mais voila qu'avec l'age elle tournait a la maigreur et a
la secheresse de son pere.
Ce besoin de tendresse s'affirmant d'une facon si particuliere et ce
desir de mariage etaient quelque chose de caracteristique qui pouvait
faire pencher la balance du cote maternel, si l'histoire de la cire a
cacheter n'etait pas venue la relever. Assurement, ce n'etait pas
un fait insignifiant que cette perversion de gout. Jamais, dans son
enfance, elle n'avait eu de ces fantaisies ni de ces bizarreries,
tandis que chez lui elles etaient typiques. Combien en retrouvait-elle
maintenant dont le souvenir precisement lui etait reste, parce qu'elles
etaient aussi etonnantes que cette passion pour la cire a cacheter.
De la son trouble et son emoi: justement parce que Claude tenait de son
pere par plus d'un cote, il aurait fallu qu'elle fut surveillee avec une
sollicitude de tous les instants et redressee: l'education corrigerait
la nature; en lui montrant ou conduisait le mauvais chemin, en la
mettant dans le bon, elle suivrait celui-la.
Une mere seule pouvait avoir une main assez ferme en meme temps qu'assez
douce pour cette tache; et elle ne pouvait pas se montrer mere pour
Claude.
De la aussi son inquietude de conscience en se demandant si jusqu'a ce
jour elle avait fait tout ce qu'elle devait.
Certes il etait impossible que les conditions d'habitation pussent etre
meilleures que celles que Claude trouvait dans cette maison de garde,
vaste, bien construite, presque monumentale, avec sa facade de pierres
et de briques, bien exposee a la lisiere du parc et de la plaine,
abritee l'hiver, ombragee l'ete, entouree de communs qui abritaient deux
vaches, des poules, des cochons, et d'un grand jardin tout plein de
legumes; et, puisque les medecins voulaient qu'elle vecut en paysanne,
nulle part elle n'eut ete mieux que la.
De meme il etait impossible qu'elle eut un meilleur pere nourricier
et une meilleure mere que les Dagomer, q
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