es Americains, la jeune fille, interrompit
Dagomer, en donnant un coup de coude a M. Auguste.
Celui-ci se leva en disant que son service l'appelait au chateau, et le
garde, le fusil a l'epaule, le suivit.
Ce fut inutilement que Nicetas tenta d'entamer d'autres interrogations;
alors, ne voulant pas se compromettre, il attendit, puisqu'il restait
a Chambrais jusqu'au lendemain; le soir sans doute, il pourrait faire
causer l'aubergiste.
Et pour passer le temps, il s'en alla flaner par les rues du village et
devant le chateau. Puis il dina longuement a cote des palefreniers, dont
les conversations, qu'il ecouta sans en perdre un mot, ne lui apprirent
rien d'interessant: la qualite des voitures du comte, les merites de ses
chevaux lui etant tout a fait indifferents.
Ce fut seulement au moment du coucher qu'il put echanger quelques
paroles avec l'aubergiste, jusqu'a ce moment trop occupe pour bavarder.
--C'est une histoire curieuse que celle que m'a contee M. Auguste.
--Quelle histoire?
--Celle de l'enfant du comte de Chambrais.
--La petite Claude?
--Oui, la petite Claude; comment donc se fait-il que madame d'Unieres
ne soit pas fachee d'etre privee d'un heritage sur lequel elle devait
compter?
--Oh! vous savez, quand madame la comtesse se fachera pour des affaires
d'argent, le monde sera change.
--Il est vrai que si cette enfant est la fille du comte...
--Comment si c'est sa fille!
--Reconnue?
--Non, pas reconnue, elle n'a meme pas d'acte de naissance.
--Mais on a toujours un acte de naissance.
--Elle n'en a pas; on l'a bien vu a l'ouverture de la succession
puisqu'il a fallu un acte de notoriete et que MM. Vaubourdin et Meunier
ont ete temoins.
--Et a combien se monte cette fortune? demanda Nicetas qui n'eut pas la
patience de filer cette question.
--Soixante mille francs de rente.
Il avait cru a un plus gros chiffre, cependant celui-la etait encore
assez beau pour l'empecher de dormir quand il fut au lit.
--Pourquoi ce vieux gueux de comte de Chambrais avait-il mange la plus
grosse part de son heritage? Comment? Avec qui?
Mais il n'allait pas s'arreter a cette question oiseuse quand une autre
plus urgente et plus brulante,--celle de l'acte de naissance, s'imposait
a son attention.
Evidemment, si Claude n'avait pas d'acte de naissance, c'est qu'elle
n'etait pas nee en France, ou qu'on avait cache l'accouchement de la
mere.
Et alors il etait non moins evident que cette me
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