rit curieux avait
travaille la question des pourquoi et des parce que, et Ghislaine, qui
la connaissait bien, avait compris qu'il sentit imprudent de s'exposer
aux investigations de cette curiosite qui enregistrait les remarques les
plus insignifiantes avec une implacable memoire.
D'ailleurs, comme elle choisissait pour ces visites les jours ou le
comte allait a Paris sans elle, il en resultait que celui qui le premier
aurait pu s'en etonner et s'en plaindre devait les ignorer.
Plusieurs fois, il est vrai, revenant de la Chambre plus tot qu'elle ne
l'attendait, et ne la trouvant pas au chateau, en amoureux presse et non
en mari jaloux, il avait demande ou elle etait pour la rejoindre au plus
vite. Sans mauvaise intention et simplement parce que c'etait la verite,
le domestique qu'il interrogeait avait repondu que madame la comtesse
etait sortie, et qu'elle avait pris l'allee du pavillon du garde
principal. De meme, sans y mettre la plus petite malice, Dagomer avait
aussi souvent parle de ces visites: "C'est ce que madame la comtesse m'a
dit hier en venant voir la petite."
"Voir la petite", il semblait que Ghislaine ne pensat qu'a cela; et
comme le comte avait des raisons pour se l'expliquer, il ne s'en
etonnait point, pas plus qu'il n'etait surpris qu'elle ne lui en dit
rien, ayant aussi des raisons pour s'expliquer son silence.
Longtemps il avait balance s'il ne lui en parlerait pas le premier, et
un jour enfin il s'etait decide:
--Vous venez de chez Dagomer?
--Oui.
--Comment va Claude?
--Bien; elle se trouve mieux depuis qu'elle travaille moins.
--Elle n'est evidemment pas faite pour la vie de couvent.
--Je ne crois pas.
--Pourquoi l'y mettre?
--C'est la volonte du conseil de famille.
--Etes-vous pressee de rentrer?
--Pas du tout, repondit Ghislaine un peu surprise de cette question, qui
semblait etre le prelude d'une explication.
--Alors, voulez-vous prendre mon bras? nous reviendrons par le plus
long; le temps est doux.
En effet, la fin de la journee etait sereine, et le soleil qui
s'abaissait emplissait les sous-bois de longues nappes de lumiere doree;
deja une fraicheur montait des taillis, et les oiseaux muets pendant la
chaleur, recommencaient leurs chansons qui seules troublaient le silence
du parc.
Ils marcherent un moment cote a cote, Ghislaine se demandant, le coeur
serre, quelle allait etre cette explication qui, assurement porterait
sur Claude, s'efforcant de ne trah
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