certitude de
devenir le mari de mademoiselle Ghislaine, que je puisse me presenter
ouvertement comme son fiance, et j'attendrai.
Pendant que d'Unieres parlait, M. de Chambrais, qui se voyait mis au
pied du mur, se demandait comment sortir de la; ce dernier mot lui
ouvrit un moyen:
--Pouvez-vous dire cela a Ghislaine? demanda-t-il, pouvez-vous aborder
cette question de delai avec elle?
--Assurement, c'est difficile.
--Alors voulez-vous que je m'en charge? Pour moi aussi il est difficile
de lui en parler, mais enfin moins qu'il ne le serait pour vous; vous
voulez une reponse, j'en veux une aussi; laissez-moi la lui demander, je
ne traiterai que le point du mariage et ne vous enleverai pas la joie de
lui dire votre amour.
Pour M. de Chambrais la situation n'avait, comme pour d'Unieres, que
trop dure, il fallait en sortir; rien a attendre de bon a la prolonger,
au contraire tout mauvais et dangereux; mais la difficulte etait grande
et la responsabilite lourde pour lui.
C'etait une lutte a engager, une bataille a livrer, et on pouvait
craindre de la perdre si le terrain n'etait pas bien choisi; avec
une volonte resolue comme celle de Ghislaine, avec un coeur feru de
certaines idees de devoir comme le sien, il pouvait tres bien rencontrer
une invincible resistance.
Ce fut a chercher ce terrain qu'il employa le temps de son retour
de Paris a Chambrais, ou il trouva Ghislaine seule au travail dans
l'atelier de sculpture qu'elle avait fait amenager en ces derniers
temps, en prenant pour cela une ancienne orangerie.
D'un air indifferent il s'assit sur un escabeau, et regarda le groupe
de chiens qu'elle etait en train de modeler, un tablier de serge passe
par-dessus sa robe, les mains pleines de terre glaise.
Il lui adressa quelques encouragements aimables comme a l'ordinaire,
puis il lui nomma quelques-uns de ses amis qu'il avait invites pour une
partie de peche.
--M. d'Unieres n'en est pas? demanda-t-elle.
Tout ce qu'il avait dit ne tendait qu'a amener cette question.
--Ah! d'Unieres, d'Unieres, dit-il d'un air d'ennui.
Elle le regarda, surprise de ce ton si different de celui qui etait
toujours le sien lorsqu'il parlait de d'Unieres.
--Apres tout, autant que tu l'apprennes de moi que d'un autre.
--Que j'apprenne quoi? demanda-t-elle en restant l'ebauchoir en l'air,
en regardant son oncle.
--La nouvelle, la grande nouvelle qui concerne d'Unieres... il se marie.
En prononcant ces mots, il te
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