ns pas qu'une individualite s'echappe de
l'art dans lequel nous l'avons parquee. D'ailleurs, je ne juge pas
le talent de madame Sarah Bernhardt, peintre et sculpteur; je dis
simplement qu'il est tout naturel qu'elle fasse de la peinture et de la
sculpture, si cela lui plait, et qu'il est plus naturel encore qu'elle
montre cette peinture et cette sculpture, qu'elle tache de vendre ses
oeuvres, qu'elle mene, en un mot, ses occupations et sa fortune comme
elle l'entend.
Ce sont la des affirmations naives, tant elles vont de soi. On sourit
d'avoir a expliquer que chacun a le droit strict d'arranger son
existence selon son gout, sans qu'on le jette violemment sur la
sellette, devant l'opinion publique. Et ici le reproche adresse a madame
Sarah Bernhardt de chercher la publicite devient plaisant. Sans doute,
comme peintre et comme sculpteur, elle cherche la publicite, si l'on
entend par la qu'elle expose ses oeuvres et qu'elle les vend. Mais alors
pourquoi ne lui fait-on pas un crime de chercher la publicite comme
artiste dramatique? Les personnes qui la revent modeste et cachee,
devraient lui defendre de paraitre sur les planches. De cette facon, on
ne parlerait plus d'elle du tout. Si l'on admet qu'elle se montre au
public en chair et en os,--en os surtout, dirait un reporter,--elle
peut bien lui montrer ensuite ses oeuvres. C'est raisonner
singulierement que de conclure a un besoin furieux de reclame, parce
qu'elle ne se contente pas du theatre et qu'elle s'adresse aux autres
arts; il faudrait plutot conclure a un besoin d'activite, a une
satisfaction de temperament. Jamais personne n'a eu le courage de mener
a bien de longs travaux, dans le but etroit d'obtenir des articles. On
ecrit, on peint, on sculpte, uniquement parce que la main vous demange.
C'est ce que M. Sarcey doit admettre, car lui se lamente seulement
sur le temps que la peinture et la sculpture prennent a madame Sarah
Bernhardt. Elle est trop occupee, selon lui, et c'est pourquoi elle a
fait manquer a Londres une matinee, scandale enorme qui a occupe toute
la presse. Je ne veux pas entrer dans la discussion des faits qui se
sont passes la-bas, d'autant plus que je me mefie des articles publies;
je sais quelle est la verite des journaux. Il parait pourtant que madame
Sarah Bernhardt etait reellement tres souffrante, et il est tout a fait
comique d'attribuer cette indisposition a sa peinture, a sa sculpture,
ou encore a la fatigue que lui occasionnent les r
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