le bateau des
funerailles, le jour ou il avait pris possession de son logis nouveau
(Fig.124). Dans les autres, il est en pleine activite et surveille ses
vassaux fictifs comme il surveillait jadis ses vassaux reels (Fig.125).
Les scenes, si variees et si desordonnees qu'elles semblent etre, ne
sont pas rangees au hasard. Elles convergent toutes vers le semblant de
porte qui etait cense communiquer avec l'interieur. Les plus rapprochees
Representent les peripeties du sacrifice et de l'offrande. Au fur et a
mesure que l'on s'eloigne, les operations et les travaux preliminaires
s'accomplissent chacun a son tour. A la porte, la figure du maitre
semble attendre les visiteurs et leur souhaiter la bienvenue. Les
details changent a l'infini, les inscriptions s'allongent ou s'abregent
au caprice de l'ecrivain, la fausse porte perd son caractere
architectonique et n'est plus souvent qu'une pierre de taille mediocre,
une stele, sur laquelle on consigne le nom du maitre et son etat civil:
grande ou petite, nue ou decoree richement, la chapelle reste toujours
comme la salle a manger, ou plutot comme le garde-manger, ou le mort
puise a son gre quand il a faim.
[Illustration: Fig. 123--Offrande au defunt Phtahhotpou.]
[Illustration: Fig. 124]
[Illustration: Fig. 125--Phtahhotpou surveillant la rentree des
animaux domestiques.]
De l'autre cote du mur se cachait une cellule etroite et haute, ou mieux
un couloir, d'ou le nom de _serdab_, que les archeologues lui pretent a
l'exemple des Arabes. La plupart des mastabas n'en ont qu'un; d'autres
en contiennent trois ou quatre (Fig.126). Ils ne communiquent pas entre
eux ni avec la chapelle, et sont comme noyes dans la maconnerie
(Fig.127). S'ils sont relies au monde exterieur, c'est par un conduit
menage a hauteur d'homme (Fig.128) et tellement resserre qu'on a peine
a y glisser la main. Les pretres venaient murmurer des prieres et bruler
des parfums a l'orifice: le double etait au dela et profitait de
l'aubaine ou du moins ses statues l'accueillaient en son nom. Comme sur
la terre, l'homme avait besoin d'un corps pour subsister; mais le
cadavre defigure par l'embaumement ne rappelait plus que de loin la
forme du vivant. La momie etait unique, facile a detruire; on pouvait la
bruler, la demembrer, en disperser les morceaux. Elle disparue,
qu'adviendrait-il du double? Les statues qu'on enfermait dans le serdab
devenaient, par la consecration, les corps de pierre ou de bois du
defunt. L
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