lent, en pierre ou en brique, du tumulus en terre meuble
qu'on amoncelait sur le corps des chefs de guerre, aux epoques
antehistoriques. Les memes idees prevalaient sur les ames des rois qui
avaient cours sur celles des particuliers. Le plan de la pyramide
comporte donc les trois parties de celui des mastabas: la chapelle, les
couloirs, les chambres funeraires.
[Illustration: Fig. 131]
La chapelle est toujours isolee. A Saqqarah, on n'en a decouvert aucune
trace. Elle etait probablement, comme plus tard a Thebes, situee dans le
faubourg de la ville le plus proche de la montagne. A Gizeh, a Abousir,
a Dahshour, les debris en sont encore visibles sur le front de la facade
orientale ou septentrionale. C'etait alors un veritable temple avec
chambres, cours et passages. Les fragments de bas-reliefs qui sont
parvenus jusqu'a nous montrent les scenes du sacrifice et prouvent que
la decoration etait identique a celle des salles publiques du mastaba.
La pyramide proprement dite ne renferme que les couloirs et le caveau
funebre. La plus ancienne dont les textes nous certifient l'existence,
au nord d'Abydos, est celle de Snofrou; les plus modernes appartiennent
aux princes de la XIIe dynastie. La construction de ces monuments a donc
ete, pendant treize ou quatorze siecles, une operation courante, prevue
par l'administration. Le granit, l'albatre, le basalte destines au
sarcophage et a certains details, etaient les seuls materiaux dont
l'emploi et la quantite ne fussent pas regles a l'avance et qu'il fallut
aller chercher au loin. Pour se les procurer, chaque roi envoyait un des
principaux personnages de la cour en mission aux carrieres de la haute
Egypte, et la celerite avec laquelle on rapportait les blocs etait un
titre puissant a la faveur du souverain. Le reste n'exigeait pas tant de
frais. Si le gros oeuvre etait en brique, on moulait la brique sur
place, avec la terre prise dans la plaine au pied de la colline. S'il
etait en pierre, les parties du plateau les plus voisines fournissaient
le calcaire marneux a profusion. On reservait d'ordinaire a la
construction des chambres et au revetement le calcaire de Tourah, qu'on
n'avait meme pas la peine de faire venir specialement de l'autre cote du
Nil. Memphis avait des entrepots toujours pleins, ou l'on puisait sans
cesse pour les edifices publics, et par consequent pour la tombe royale.
Les blocs, pris dans ces reserves et apportes en barque jusque sous la
montagne, montaient
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