a piete des parents les multipliait, et, par suite, multipliait
aussi les supports du double; un seul corps etait une seule chance de
duree pour lui, vingt representaient vingt chances. C'est dans une
intention analogue qu'on joignait aux statues du mort celles de sa
femme, de ses enfants, de ses serviteurs, saisis dans les differents
actes de la domesticite, broyant le grain, petrissant la pate, poissant
les jarres destinees a contenir le vin. Les figures plaquees a la
muraille de la chapelle s'en detachaient et prenaient dans le serdab un
corps solide. Ces precautions n'empechaient pas d'ailleurs qu'on
n'employat tous les moyens pour mettre ce qui restait du corps de chair
a l'abri des causes naturelles de destruction et des attaques de
l'homme. Au tombeau de Ti, un couloir rapide, qui affleure le sol au
milieu de la premiere salle, conduit du dehors au caveau; mais c'est la
une exception presque unique; on y descend par un puits perpendiculaire,
creuse rarement dans un coin de la chapelle, d'ordinaire au centre de la
plate-forme (Fig.129). La profondeur en varie entre 3 et 30 metres. Il
traverse la maconnerie, penetre dans le rocher; au fond, vers le sud, un
couloir, trop bas pour qu'on y chemine debout, donne acces a une
chambre. C'est la que la momie repose, dans un grand sarcophage en
calcaire blanc, en granit rose ou en basalte. Il porte rarement une
inscription, le nom et les titres du mort, plus rarement des ornements;
on en connait pourtant qui simulent la decoration d'une maison
egyptienne avec ses portes et ses fenetres. Le mobilier est des plus
simples: des vases en albatre pour les parfums, des godets ou le pretre
avait verse quelques gouttes des liqueurs offertes au mort, de grandes
jarres en terre cuite rouge pour l'eau, un chevet en albatre ou en bois,
une palette votive de scribe. Apres avoir scelle la momie dans la cuve
qui l'attendait, les ouvriers dispersaient sur le sol les quartiers du
boeuf ou de la gazelle qu'on venait de sacrifier; puis ils muraient avec
soin l'entree du couloir et remplissaient le puits jusqu'a la bouche
d'eclats de pierre meles de sable et de terre. Le tout, largement
arrose, finissait par s'agglutiner en un beton presque impenetrable,
dont la durete defiait tout essai de profanation. Le corps, livre a
lui-meme, ne recevait plus d'autre visite que celle de son ame. L'ame
quittait de temps en temps la region celeste ou elle voyageait en
compagnie des dieux, et descendait se reun
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