rupture avait eclate
dans plusieurs villes. A Marseille, les sections avaient depouille la
municipalite de ses pouvoirs, pour les transporter a un _comite central_;
elles avaient en outre institue de leur chef un tribunal populaire pour
juger les patriotes accuses d'exces revolutionnaires. Les commissaires
Bayle et Boisset casserent en vain ce comite et ce tribunal; leur autorite
fut toujours meconnue, et les sections etaient restees en insurrection
permanente contre la revolution. A Lyon, il y avait eu un combat sanglant.
Il s'agissait de savoir si un arrete municipal, portant l'institution
d'une armee revolutionnaire et d'une taxe de guerre sur les riches, serait
execute. Les sections qui s'y refusaient s'etaient declarees en
permanence: la municipalite avait voulu les dissoudre; mais, aidees du
directoire de departemens, elles avaient resiste. Le 29 mai, on en etait
venu aux mains, malgre la presence des deux commissaires de la convention,
qui firent de vains efforts pour empecher le combat. Les sections
victorieuses, apres avoir pris d'assaut l'arsenal et l'hotel-de-ville,
avaient destitue la municipalite, ferme le club jacobin, ou Chalier
excitait les plus grands orages, et s'etaient emparees de la souverainete
de Lyon. Il y avait eu quelques centaines de morts dans ce combat. Les
representans Nioche et Gauthier resterent detenus tout un jour; delivres
ensuite, ils se retirerent aupres de leurs collegues Albite et
Dubois-Crance, qui, comme eux, avaient une mission pour l'armee des Alpes.
Telle etait la situation de Lyon et du Midi dans les derniers jours de
mai. Bordeaux n'offrait pas un aspect plus rassurant. Cette ville, avec
toutes celles de l'Ouest, de la Bretagne et de la Normandie, attendait
pour agir que les menaces, si long-temps repetees contre les deputes des
provinces, fussent realisees. C'est dans ces dispositions que les
departemens apprirent les evenemens de la fin de mai. La journee du 27, ou
la commission des douze avait ete supprimee une premiere fois, causa deja
beaucoup d'irritation, et de toutes parts il fut question de prendre des
arretes improbateurs de ce qui se passait a Paris. Mais le 31 mai, le 2
juin, mirent le comble a l'indignation. La renommee, qui grossit toute
chose, exagera les faits. On repandit que trente-deux deputes avaient ete
massacres par la commune; que les caisses publiques etaient livrees au
pillage; que les brigands de Paris s'etaient empares du pouvoir, et
allaient le tr
|