et d'organisation pour l'armee
revolutionnaire.
Les seances de la convention avaient un aspect tout nouveau depuis le 31
mai. Elles etaient silencieuses, et presque tous les decrets etaient
adoptes sans discussion. Le cote droit et une partie du centre ne votaient
plus; ils semblaient protester par leur silence contre toutes les
decisions prises depuis le 2 juin, et attendre les nouvelles des
departemens. Marat avait cru devoir par justice se suspendre lui-meme,
jusqu'a ce que ses adversaires les girondins fussent juges. En attendant,
il renoncait, disait-il, a ses fonctions, et se bornait a eclairer la
convention dans sa feuille. Les deux deputes Doulcet et Fonfrede de
Bordeaux rompirent seuls le silence de l'assemblee. Doulcet denonca le
comite d'insurrection, qui n'avait pas cesse de se reunir a l'Eveche, et
qui, arretant les paquets a la poste, les decachetait, et les renvoyait
decachetes a leur adresse, avec son timbre, portant ces mots: _Revolution
du 31 mai_. La convention passa a l'ordre du jour. Fonfrede, membre de la
commission des douze, mais excepte du decret d'arrestation, parce qu'il
s'etait oppose aux mesures de cette commission, Fonfrede monta a la
tribune, et demanda l'execution du decret qui ordonnait sous trois jours
le rapport sur les detenus. Cette reclamation excita quelque tumulte. "Il
faut, dit Fonfrede, prouver au plus tot l'innocence de nos collegues. Je
ne suis reste ici que pour les defendre, et je vous declare qu'une force
armee s'avance de Bordeaux pour venger les attentats commis contre eux."
De grands cris s'eleverent a ces paroles, l'ordre du jour repoussa la
proposition de Fonfrede, et on retomba aussitot dans un silence profond.
Ce sont, dirent les jacobins, _les derniers cris des crapauds du marais_.
La menace faite par Fonfrede du haut de la tribune n'etait point vaine, et
non seulement les Bordelais, mais les habitans de presque tous les
departemens etaient prets a prendre les armes contre la convention. Leur
mecontentement datait de plus loin que le 2 juin; il avait commence avec
les querelles entre les montagnards et les girondins. On doit se souvenir
que, dans toute la France, les municipalites et les sections etaient
divisees. Les partisans du systeme montagnard occupaient les municipalites
et les clubs; les republicains moderes, qui, au milieu des crises de la
revolution, voulaient conserver l'equite ordinaire, s'etaient tous
retires, au contraire, dans les sections. Deja la
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