ce moment, la
coalition, ranimee par le 10 aout, se presse d'avancer; le danger
augmente, provoque de plus en plus la violence, decrie la moderation, et
pousse les passions aux plus grands exces. Longwy, Verdun tombent au
pouvoir de l'ennemi. En voyant approcher Brunswick, on devance les
cruautes qu'il annonce dans ses manifestes, et on frappe de terreur ses
partisans caches, par les epouvantables journees de septembre. Bientot,
sauvee par le beau sang-froid de Dumouriez, la France a le temps de
s'agiter encore pour cette grande question de l'usage modere ou
impitoyable du pouvoir. Septembre devient un penible sujet de reproches:
les moderes s'indignent; les violens veulent qu'on se taise sur des maux
qu'ils disent inevitables et irreparables. De cruelles personnalites
ajoutent les haines individuelles aux haines d'opinion; la discorde est
excitee au plus haut point. Alors arrive le moment de statuer sur le sort
de Louis XVI. On fait sur sa personne l'application des deux systemes;
celui de la moderation est vaincu, celui de la violence l'emporte; et, en
immolant le roi, la revolution rompt definitivement avec la royaute et
avec tous les trones.
La coalition, ranimee encore par le 21 janvier, comme elle l'avait ete
deja par le 10 aout, reagit de nouveau et nous fait essuyer des revers.
Dumouriez, arrete dans ses progres par des circonstances contraires et par
le desordre de toutes les administrations, s'irrite contre les jacobins
auxquels il impute ses revers, sort alors de son indifference politique,
se prononce tout a coup pour la moderation, la compromet en employant pour
elle son epee et l'etranger, et echoue enfin contre la revolution, apres
avoir mis la republique dans le plus grand peril. Dans ce meme moment la
Vendee se leve; les departemens, tous moderes, deviennent menacans; jamais
le danger ne fut plus grand pour la revolution. Des revers, des trahisons,
fournissent aux jacobins un pretexte pour calomnier les republicains
moderes, et un motif pour demander la dictature judiciaire et executive.
Ils proposent un essai de tribunal revolutionnaire et de comite de salut
public. Vive dispute a ce sujet. Les deux partis en viennent, sur ces
questions, aux dernieres extremites; ils ne peuvent plus demeurer en
presence. Au 10 mars, les jacobins tentent de frapper les chefs des
girondins, mais leur tentative, trop prematuree, echoue. Alors ils se
preparent mieux; ils provoquent des petitions, soulevent des sections et
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