. Couthon monte alors a la tribune. "Vous voyez bien,
dit-il avec une assurance qui confond l'assemblee, que vous etes
respectes, obeis par le peuple; vous voyez que vous etes libres, et que
vous pouvez voter sur la question qui vous est soumise; hatez-vous donc de
satisfaire aux voeux du peuple." Legendre propose de retrancher de la
liste des vingt-deux ceux qui ont offert leur demission, et d'excepter de
la liste des douze Boyer-Fonfrede et Saint-Martin, qui se sont opposes aux
arrestations arbitraires; il propose de les remplacer par Lebrun et
Claviere. Marat insiste pour qu'on raie de la liste Lanthenas, Ducos et
Dusaulx, et qu'on y ajoute Fermont et Valaze. Ces propositions sont
adoptees; et on est pret a passer aux voix. La Plaine intimidee commencait
a dire qu'apres tout les deputes mis en arrestation chez eux ne seraient
pas tant a plaindre, et qu'il fallait mettre fin a cette scene terrible.
Le cote droit demande l'appel nominal pour faire honte aux membres du
_ventre_ de leur faiblesse; mais l'un d'eux fournit a ses collegues un
moyen honnete pour sortir de cette situation difficile. Il ne vote pas,
dit-il, parce qu'il n'est pas libre. A son exemple, les autres refusent de
voter. Alors la Montagne seule, et quelques autres membres, decretent la
mise en arrestation des deputes denonces par la commune.
Tel fut le celebre evenement du 2 juin, plus connu sous le nom du 31 mai.
Ce fut contre la representation nationale un vrai 10 aout; car, les
deputes une fois en arrestation chez eux, il ne restait plus qu'a les
faire monter sur l'echafaud, et c'etait peu difficile. Ici finit une ere
principale de la revolution, qui a servi de preparation a la plus terrible
et a la plus grande de toutes, et dont il faut se rappeler l'ensemble pour
la bien apprecier. Au 10 aout, la revolution, ne contenant plus ses
defiances, attaque le palais du monarque, pour se delivrer de craintes
insupportables. La premiere idee qu'on a, c'est de suspendre Louis XVI,
et d'ajourner son sort a la reunion de la prochaine convention nationale.
Le monarque suspendu, et le pouvoir restant aux mains des differentes
autorites populaires, nait la question de savoir comment on usera de ce
pouvoir. Alors les divisions qui s'etaient deja prononcees entre les
partisans de la moderation et ceux d'une energie inexorable, eclatent sans
menagement: la commune, composee de tous les hommes ardens, attaque la
legislative et l'insulte en la menacant du tocsin. Dans
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