qu'a la porte
de la salle on distribue des assignats de cinq livres aux bataillons
destines pour la Vendee, et qu'il faut s'assurer si la convention est
respectee encore ou ne l'est plus. En consequence, il propose a
l'assemblee de se rendre tout entiere au milieu de la force armee, pour
s'assurer qu'elle n'a rien a craindre, et que son autorite est encore
reconnue. Cette proposition, deja faite par Garat le 25 mai, renouvelee
par Vergniaud le 31, est aussitot adoptee. Herault-Sechelles, dont on se
servait dans toutes les occasions difficiles, est mis a la tete de
l'assemblee comme president, et tout le cote droit et la Plaine se levent
pour le suivre. La Montagne seule reste a sa place. Alors les derniers
deputes de la droite reviennent, et lui reprochent de ne pas partager le
danger commun. Les tribunes au contraire engagent avec des signes les
montagnards a rester sur leurs bancs, comme si un grand peril les menacait
au dehors. Cependant les montagnards cedent par un sentiment de pudeur, et
toute la convention, ayant a sa tete Herault-Sechelles, se presente dans
les cours du Palais-National, et du cote du Carrousel. Les sentinelles
s'ecartent et laissent passer l'assemblee. Elle arrive en presence des
canonniers, a la tete desquels se trouvait Henriot. Le president lui
signifie d'ouvrir passage a l'assemblee. "Vous ne sortirez pas, leur dit
Henriot, que vous n'ayez livre les vingt-deux.--Saisissez ce rebelle," dit
le president aux soldats. Alors Henriot faisant reculer son cheval, et
s'adressant a ses canonniers, leur dit: "Canonniers, a vos pieces!"
Quelqu'un aussitot saisit fortement Herault-Sechelles par le bras, et le
ramene d'un autre cote. On se rend dans le jardin pour renouveler la meme
experience. Quelques groupes criaient _vive la nation!_ d'autres _vive la
convention! vive Marat! a bas le cote droit!_ Hors du jardin, des
bataillons, autrement disposes que ceux qui entouraient le Carrousel,
faisaient signe aux deputes de venir les joindre. La convention, pour s'y
rendre, s'avance vers le Pont-Tournant, mais la elle trouve un nouveau
bataillon qui lui ferme la sortie du jardin. Dans ce moment, Marat,
entoure de quelques enfans qui criaient _vive Marat!_ s'approche du
president, et lui dit: "Je somme les deputes qui ont abandonne leur poste
d'y retourner."
L'assemblee en effet, dont ces epreuves repetees ne faisaient que
prolonger l'humiliation, rentre dans la salle de ses seances, et chacun
reprend sa place
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