emettre aucun voeu, et je me tais."
Barbaroux succede a Lanjuinais, et refuse avec autant de courage la
demission qu'on lui demande. "Si la convention, dit-il, ordonne ma
demission, je me soumettrai; mais comment puis-je me demettre de mes
pouvoirs, lorsqu'une foule de departemens m'ecrivent et m'assurent que
j'en ai bien use, et m'engagent a en user encore? J'ai jure de mourir a
mon poste, et je tiendrai mon serment." Dusaulx offre sa demission. "Quoi!
s'ecrie Marat, doit-on donner a des coupables l'honneur du devouement? Il
faut etre pur pour offrir des sacrifices a la patrie; c'est a moi, vrai
martyr, a me devouer; j'offre donc ma suspension du moment que vous aurez
ordonne la mise en arrestation des deputes accuses. Mais, ajoute Marat, la
liste est mal faite; au lieu du vieux radoteur Dusaulx, du pauvre d'esprit
Lanthenas, et de Ducos, coupable seulement de quelques opinions erronees,
il faut y placer Fermont et Valaze, qui meritent d'y etre et qui n'y sont
pas."
Dans le moment, un grand bruit se fait entendre aux portes de la salle.
Lacroix entre tout agite, et poussant des cris; il dit lui-meme qu'on
n'est plus libre, qu'il a voulu sortir de la salle, et qu'il ne l'a pu.
Quoique montagnard et partisan de l'arrestation des vingt-deux, Lacroix
etait indigne de l'attentat de la commune, qui faisait consigner les
deputes dans le Palais-National.
Depuis le refus de statuer sur la petition de la commune, la consigne
avait ete donnee, a toutes les portes, de ne plus laisser sortir un seul
depute. Plusieurs avaient vainement essaye de s'evader; Gorsas seul etait
parvenu a s'echapper, et il etait alle engager les girondins, restes chez
Meilhan, a se cacher ou ils pourraient, et a ne pas se rendre a
l'assemblee. Tous ceux qui essayerent de sortir furent forcement retenus.
Boissy-d'Anglas se presente a une porte, recoit les plus mauvais
traitemens, et rentre en montrant ses vetemens dechires. A cette vue,
toute l'assemblee s'indigne, et la Montagne elle-meme s'etonne. On mande
les auteurs de cette consigne, et on rend un decret illusoire qui appelle
a la barre le commandant de la force armee.
Barrere prenant alors la parole, et s'exprimant avec une energie qui ne
lui etait pas ordinaire, dit que l'assemblee n'est pas libre, qu'elle
delibere sous l'empire de tyrans caches, que dans le comite
insurrectionnel se trouvent des hommes dont on ne peut pas repondre, des
etrangers suspects, tels que l'Espagnol Gusman et autres;
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