ls ne
pouvaient pas l'arreter. Elle s'abaisserait en se faisant comedienne. Eh
bien, ne le savait-elle pas avant d'entendre Maraval? Plutot que de
subir cet abaissement, elle devait se marier. En theorie, cela pouvait
etre vrai, mais Maraval ne connaissait pas sa situation personnelle.
C'etait, au contraire, dans le mariage, qu'etait pour elle l'abaissement
le plus deshonorant.
Il fallait qu'elle fut chanteuse; et, puisque s'etait pour elle le seul
moyen de ne pas laisser deshonorer la memoire de son pere et de ne pas
fletrir son amour, il le fallait malgre tout et malgre tous.
C'est-a-dire que pour le moment il fallait qu'elle trouvat un maitre qui
la mit au plus vite en etat de paraitre sur un theatre, puisque Maraval,
par interet et par sympathie pour elle, refusait d'etre ce maitre.
Mais ou etait-il, ce maitre?
Debout devant la porte de Maraval, immobile, reflechissant et ne
trouvant rien, elle se sentait perdue dans ce Paris immense, la lumiere
sur laquelle elle avait tenu les yeux fixes, et qui l'avait guidee,
venant de s'eteindre tout a coup.
Sa memoire troublee ne retrouvait meme plus les noms des maitres qui
quelques jours auparavant lui etaient vaguement connus.
Cependant elle ne pouvait pas rester immobile dans cette avenue, ou les
passants la regardaient curieusement; elle se mit en route vers Paris.
En marchant, une bonne inspiration, une idee, se presenteraient sans
doute a son esprit.
Elle arriva ainsi jusqu'aux environs de la Trinite, ou l'enseigne et la
devanture d'un cabinet de lecture lui suggererent enfin ce qu'elle avait
a faire. Elle entra dans ce cabinet de lecture et demanda un almanach
des adresses. A l'article des professeurs et compositeurs de musique
elle trouva le nom qu'elle avait vainement demande a sa memoire: Lozes,
rue Blanche.
Ce qu'elle savait de Lozes, c'etait qu'il etait chanteur assez mediocre,
mais par contre bon professeur: au moins jouissait-il de cette
reputation; il dirigeait une sorte de petit conservatoire ou il avait
pour eleves une bonne partie de ceux qui ne suivent pas les cours du
vrai. Il faisait souvent jouer et chanter ses eleves en public, et
plusieurs de ceux qu'il avait formes avaient obtenu des succes
retentissants en ces dernieres annees.
Elle monta la rue Blanche jusqu'au numero que l'almanach lui avait
indique; mais, n'etant plus sous l'oppression du trouble qui l'avait
saisie en sortant de chez Maraval, le sentiment des dangers qu'elle
co
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