ain.
Cependant ce ne fut que le surlendemain que Leon paya ces 27,500 francs,
car il ne les avait pas et il fallut qu'il se les procurat, ce qui etait
assez embarrassant pour un homme qui, comme lui, n'avait pas des
relations avec ceux qui pretent ordinairement aux jeunes gens.
Heureusement, Cara lui vint en aide, elle connaissait un ancien cocher
nomme Rouspineau, pour le moment marchand de fourrage rue de Suresnes et
proprietaire de quelques chevaux de courses, qui procurait de l'argent,
sans prelever de trop grosses commissions ni de trop gros interets, aux
gens du monde riches et bien etablis qui se trouvaient par hasard genes.
Si Rouspineau avait eu les sommes qu'on lui demandait, il les aurait
pretees a 6 pour 100 seulement a M. Haupois-Daguillon puisqu'il n'y
avait pas de risques a courir, mais il ne les avait pas, ces sommes, et
l'argent etait bien dur et bien difficile a trouver.
Bref, contre six billets s'elevant au chiffre total de 60,000 francs, il
put preter a Leon une somme de 50,000 francs, et encore fut-ce seulement
pour entrer en affaire, car il y perdait. Bien entendu, sa perte eut ete
difficile a prouver, cependant son benefice n'etait pas aussi gros
qu'on pouvait le croire au premier abord, car il avait ete oblige de
prelever dessus une somme de 2,000 francs offerte a Cara pour la
remercier de lui avoir procure la connaissance de M. Haupois-Daguillon,
qui, il fallait l'esperer, pourrait devenir avantageuse.
Sur les 50,000 francs qu'il recut, Leon paya les 27,500 francs dus a
Carbans, offrit a Cara une parure et garda 12,000 francs pour ses
depenses courantes qui naturellement allaient etre un peu plus fortes
que par le passe.
VIII
Une femme en vue comme l'etait Cara ne prend pas un amant sans que cela
devienne un sujet de conversation dans un certain monde, et meme sans
que quelques journaux, qui ont un public pour ces sortes d'histoires, en
fassent ce qu'ils appellent une indiscretion.
Bientot tout Paris, le tout Paris qui s'interesse a ces cancans, sut que
Leon Haupois-Daguillon (--Le fils du bijoutier de la rue
Royale?--Lui-meme.) etait l'amant de Cara (--Celle qui a ete la
maitresse du duc de Carami?--Elle-meme.); et alors, pendant quelques
jours, cela devint un sujet de conversation.
--Il etait temps.
Comme cela arrive presque toujours, la derniere personne qui apprit la
liaison de Cara et de Leon fut celle qui avait le plus grand interet a
la connaitre,--c'est-a-di
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