nquier, qui lui apprit que ces
billets etaient souscrits a l'ordre de M. Tom Brazier, negociant, rue de
la Paix; et aussitot, M. Haupois-Daguillon se rendit chez celui-ci.
Le patriarche anglais le recut avec les demonstrations du plus profond
respect, et il ne fit aucune difficulte de lui apprendre que M. son
fils, "un charmant jeune homme", etait son debiteur pour une somme de
cent cinquante mille francs, se composant pour une part d'argent prete
et pour une autre part du prix de vente d'une ecurie de course, "trois
chevaux excellents qui feraient honneur a leur proprietaire, _Aventure_,
_Diavolo_ et _Robber_."
Le premier mouvement de M. Haupois-Daguillon fut de se laisser emporter
par la colere et de dire son fait au venerable negociant; mais il
s'arreta heureusement aux premieres paroles de son allocution, et,
plantant la M. Tom Brazier legerement suffoque de cette algarade, il
alla chez son avocat lui conter son affaire et lui demander conseil: le
temps des menagements etait passe; il n'avait que trop attendu;
maintenant il fallait agir et au plus vite.
C'etait Favas qui depuis vingt ans etait son avocat; il fut d'avis, lui
aussi, qu'il fallait agir au plus vite.
--Je connais la femme, dit-il, en quelques mois elle fera contracter a
votre fils pour plus d'un million de dettes, et ce qu'il y aura
d'admirable dans son jeu, c'est qu'elle ne lui aura rien demande. Il
faut l'arreter dans ses manoeuvres. Pour cela la loi met a votre
disposition un moyen bien simple: un conseil judiciaire, sans lequel
votre fils ne pourra plaider, transiger, emprunter.
A ces mots, M. Haupois-Daguillon se recria: mon fils pourvu d'un conseil
judiciaire, presque interdit, quelle tache sur son nom!
--Voulez-vous que votre fils dissipe des maintenant la fortune que vous
lui laisserez un jour? continua Favas. Non, n'est-ce pas? Eh bien! vous
ne pouvez recourir qu'au conseil judiciaire. Voulez-vous, je ne dis pas
qu'il quitte cette femme, cela est sans doute impossible, mais qu'il
soit quitte par elle, le conseil judiciaire vous en donne encore le
moyen. Croyez-vous qu'elle gardera un amant qui ne pourra plus emprunter
et qui n'aura que de l'amour a lui offrir? Non. Le conseil judiciaire,
malgre ses inconvenients, est la seule voie que vous puissiez suivre;
c'est celle que je vous conseille; ce serait celle que je prendrais si
j'etais a votre place.
Il n'y eut pas d'explication entre le pere et le fils, il ne fut meme
pas question
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