r son ami Riolle; ce n'etait
pas un avocat comme cet homme d'affaires qu'ils fallait, c'en etait un
qui apportat un peu de son autorite et de sa consideration a son client;
elle proposa Gontaud qui reunissait ces conditions.
Leon alla donc voir Gontaud; celui-ci demanda huit jours pour etudier
l'affaire, puis, au bout de huit jours, il repondit: "Qu'il ne plaidait
pas des affaires de ce genre"; et il ajouta avec son sourire narquois:
"Allez trouver Nicolas, il vous defendra."
Cara n'avait pas de prejuges; bien que Nicolas l'eut trainee dans la
boue lors du proces a propos du testament du duc de Carami, elle
conseilla a Leon de s'adresser a lui. Et Nicolas, qui avait encore moins
de prejuges que Cara, accepta l'affaire avec enthousiasme: ce serait une
occasion pour lui dans cette seconde plaidoirie de revenir sur ce qu'il
avait dit d'excessif dans la premiere: "En realite, messieurs, cette
femme, que notre adversaire accuse, n'est pas ce qu'on vous dit, etc.,
etc."
Nicolas plaida en attaquant tout le monde, surtout le baron Valentin,
"ce gentilhomme qui cherche partout des pigeons"; mais il perdit son
affaire; sur les conclusions conformes du ministere public, M.
Haupois-Daguillon fut nomme conseil judiciaire de son fils.
XIV
Il semblait raisonnable et logique de croire que le premier effet de la
nomination du conseil judiciaire serait, ainsi que l'avait dit Favas,
d'amener une rupture immediate entre Leon et Cara: une femme comme Cara
ne garde pas un amant qui n'a que de l'amour; ce mot de l'avocat avait
ete repete par M. Haupois-Daguillon et il etait devenu celui de la
famille entiere. Le baron Valentin lui-meme, que M. et madame
Haupois-Daguillon ecoutaient comme un oracle lorsqu'il parlait des
usages et des moeurs du monde et du demi-monde, declarait qu'il etait
impossible que la liaison de son beau-frere avec "cette fille" se
prolongeat longtemps:
--Vous ne savez pas, disait-il a sa belle-mere, qui le consultait a
chaque instant avec des angoisses toutes maternelles, vous ne savez pas
quel est le train de maison de ces femmes qui payent toutes choses deux
ou trois fois plus cher qu'elles ne valent. Il en est de Cara comme de
ces negociants qui ont trois ou quatre cents francs de frais generaux
par jour, et qui ne font pas un sou de recette. Comment voulez-vous
qu'ils aillent, s'ils ne trouvent pas sans cesse de nouveaux
commanditaires? Il faut que Cara, elle aussi, fasse comme eux. Sans
doute c
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