faire l'affaire; vous
connaissez bien Tom, qui tient rue de la Paix un magasin de parfumerie
anglaise, de papeterie, de coutellerie, auquel il a joint un cabinet
d'affaires, un bureau de location et une agence de paris sur les
courses.
--J'en ai entendu parler, mais je n'ai point ete en relations avec lui.
--Eh bien! je le verrai aujourd'hui; si vous voulez revenir demain,
vous saurez sa reponse: mais, a l'avance, je crois pouvoir vous assurer
qu'elle sera ce que vous desirez. Si Tom n'a pas les fonds, il les
trouvera; il a une riche clientele, et il fait valoir l'argent de plus
d'une de nos femmes a la mode, qui chez lui trouvent de gros benefices
qu'elles n'auraient pas ailleurs; seulement il vous fera payer plus cher
que moi.
Cette reponse fut en effet telle que Rouspineau l'avait prevue, et le
lendemain Leon se presenta chez M. Brazier; mais on ne penetrait pas
chez ce personnage important comme chez Rouspineau, qui recevait ses
clients dans un petit bureau ou il tenait sous clef, dans des coffres
sur lesquels on s'asseyait, des echantillons d'avoine et de son. Chez
Brazier, on trouvait un elegant magasin meuble a l'anglaise, dans lequel
de jolies jeunes filles aux yeux noirs s'empressaient autour de vous,
s'informant poliment de ce que vous desiriez. Ce que Leon desirait,
c'etait voir M. Brazier; et, comme celui-ci etait occupe, il dut
l'attendre pendant pres d'une heure, assez mal a l'aise au milieu de ce
magasin.
Enfin, il vit paraitre une sorte de patriarche a cheveux blancs, d'une
tenue correcte, de prestance imposante, M. Tom Brazier lui-meme, qui le
pria de passer dans son bureau particulier.
En quelques mots Leon lui exposa l'objet de sa visite.
--L'affaire est faisable, repondit gravement Brazier: elle se resout
dans une question de garantie; autrement dit, en echange des 80,000
francs qui vous sont necessaires, qu'offrez-vous?
--Ma signature.
Brazier s'inclina avec une politesse affectee.
--Moralement, c'est beaucoup, mais financierement, c'est moins, si j'ose
me permettre de parler ainsi, car je crois que vous n'avez pas de
fortune propre.
--J'ai celle que mes parents me laisseront un jour.
--J'ai l'honneur de connaitre M. et madame Haupois-Daguillon, avec qui
j'ai fait plusieurs fois des affaires; ils sont encore jeunes l'un et
l'autre, pleins de sante; ils peuvent vivre longtemps encore.
--Je l'espere.
--J'en suis convaincu; on ne desire pas generalement la mort de ses
pa
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