au moins toutes les expositions qui meritaient
une visite. Ou trouvait-il du temps pour cela? C'etait un prodige; et
cependant il en trouvait, de meme qu'il en trouvait encore pour arriver
presque chaque jour a la fin du dejeuner de M. et madame
Haupois-Daguillon, de facon a prendre une tasse de cafe avec eux;--il
est vrai que la famille Haupois-Daguillon etait sa famille a lui qui ne
s'etait point marie, comme Leon et Camille etaient ses enfants; et il
est vrai aussi que les satisfactions de l'esprit qu'il recherchait si
avidement ne l'avaient pas rendu insensible aux joies du coeur.
Personne mieux que lui assurement n'etait en etat de savoir ce qu'etait
cette Cara, dont M. Haupois avait entendu parler plusieurs fois sans
jamais s'inquieter d'elle, et qui maintenant, disait-on, etait la
maitresse de son fils.
Au premier mot, il fut evident que Byasson pourrait repondre s'il le
voulait, car le nom de Cara lui fit faire une grimace tout a fait
significative.
--Vous savez qu'elle est la maitresse de Leon? demanda M. Haupois.
--On le dit; mais je n'en sais rien.
--Ne faites pas le discret, mon cher, vous ne vaudrez pas une mercuriale
a mon fils en m'apprenant ce que vous savez. A vrai dire, et tout a fait
entre nous, je ne suis pas fache de cette liaison.
--Ah! vraiment.
--Entendons-nous: certainement je suis offusque de voir un homme comme
Leon, beau garcon, intelligent, distingue, mon fils, qui pourrait
prendre des maitresses ou il voudrait, devenir l'amant d'une lorette,
d'une courtisane a la mode; oui, tres-certainement cela me blesse; mais
enfin, d'un autre cote, ce n'est pas sans un sentiment de soulagement
que je vois Leon echapper a l'influence sous laquelle il etait;--Cara le
guerira de Madeleine.
--Moi, mon cher, je ne vois pas du tout les choses a votre point de vue,
et je ne peux pas me rejouir de voir Leon l'amant de Cara.
--Vous la connaissez?
--Je sais d'elle ce que sait tout Paris, et voila pourquoi je suis
jusqu'a un certain point effraye de penser que Leon va subir son
influence. N'oubliez pas comment Leon a ete eleve et quelles etaient ses
dispositions dans sa premiere jeunesse.
--Il me semble que Leon a ete aussi bien eleve qu'il pouvait l'etre.
--Certainement, mais rappelez-vous ses admirations de collegien pour ces
femmes qui, a un degre quelconque, etaient des Cara. Vous vous
contentiez de hausser les epaules quand nous le voyions, le nez colle
contre les vitres, regardant
|