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Ils la firent asseoir sur une chaise, a l'abri d'un massif d'arbustes;
cependant l'air frais de la nuit ne la ranima pas.
La chute de ces malheureux m'a brisee, dit-elle d'une voix dolente, mais
ce ne sera rien; je vous remercie de vos soins, je ne veux pas vous
accaparer ainsi: je vous serais reconnaissante seulement d'appeler une
voiture pour que je me fasse conduire chez moi.
Ce fut Henri Clergeau qui se mit a la recherche de cette voiture, et
pendant ce temps Leon resta pres de Cara: l'effort qu'elle avait fait en
parlant paraissait l'avoir epuisee, elle se tenait a demi renversee dans
sa chaise, respirant peniblement.
Enfin Henri Clergeau revint avec une voiture.
--Nous allons vous reconduire chez vous, dit Leon en lui donnant le
bras.
--Ne prenez pas cette peine, je vous prie, je ne suis pas trop mal,
maintenant.
Le ton de ces paroles leur donnait un dementi; elle paraissait fort mal
a l'aise au contraire.
La voiture amenee par Henri Clergeau etait une voiture a deux places; il
fallait que l'un des deux amis abandonnat Cara.
Il etait plus logique que ce fut Leon, qui la connaissait moins que
Henri Clergeau; cependant ce fut lui qui monta en voiture.
Il est vrai que cela se fit sans qu'il en eut trop conscience.
Il avait promis de l'accompagner, il tenait sa promesse, voila tout.
Il est vrai aussi, que par une bizarre interversion des roles qu'il ne
remarqua pas, ce fut Cara qui, le tenant par la main, le fit asseoir
pres d'elle; et non pas lui qui la fit asseoir a ses cotes, ainsi qu'il
etait naturel de la part d'un homme qui accompagne une femme souffrante.
Ce fut seulement quand ils furent tous deux installes que Leon remarqua
qu'il n'y avait pas de place pour son ami: il voulut descendre, mais
celui-ci ne lui en donna pas le temps.
--J'irai prendre demain de vos nouvelles, dit-il a Cara.
Puis, s'adressant au cocher:
--Boulevard Malesherbes, 17 _bis_.
III
Le roulement de la voiture parut augmenter le malaise de Cara. Ce fut
d'une voix faible et dolente, par mots entrecoupes, que pendant le
trajet elle repondit aux questions que de temps en temps, avec
sollicitude, Leon lui adressait:
--J'ai hate d'etre arrivee.
--Voulez-vous que nous allions chez votre medecin, ou que je le
previenne de se rendre chez vous?
--Horton n'est pas chez lui le soir, et il ne se derange jamais la nuit
pour personne. D'ailleurs, c'est inutile, le calme et le repos
suffiront.
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