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sentait bien qu'il etait inutile d'insister. Apres une assez longue discussion ou plus justement une longue recherche, il fut decide qu'elle irait a Paris demander l'hospitalite a une de ses tantes, fruitiere dans le quartier des Invalides. Seulement, comme le prix d'un billet coute dix-neuf sous d'Ermont a Paris et qu'il n'y avait que onze sous a la maison, il fut decide qu'elle irait prendre le train a Saint-Denis, ce qui ne couterait que huit sous. Sa mere l'accompagna, et, le billet de chemin de fer pris, elle lui donna les trois sous qui lui restaient. Ce fut avec ces trois sous qu'elle entra dans la vie, a treize ans, apres avoir embrasse sa mere, qu'elle ne devait pas revoir. Quand elle entra chez sa tante la fruitiere, vous pouvez vous imaginer les hauts cris que celle-ci poussa. Cependant, comme ce n'etait point une mechante femme, elle ne la renvoya pas, et deux jours apres elle l'installa a un des coins de l'esplanade des Invalides devant une petite table chargee de fruits verts ou a moitie pourris. Vous representez-vous une jeune fille de treize ans, jolie, tres-jolie, disait-on, elevee dans un couvent, instruite jusqu'a un certain point, vendant des pommes a un sou le tas aux invalides et aux gamins de ce quartier. Quelle chute! Quelle souffrance! Pendant pres de trois ans elle vecut de cette miserable existence, dehors par tous les temps, le froid, le chaud, le vent, la pluie; et cependant ce qu'elle endura physiquement ne fut rien aupres du supplice moral qui lui fut inflige. Pourquoi ne faisait-elle pas autre chose, me direz-vous? Et que vouliez-vous qu'elle fit, elle n'avait pas de metier, et elle etait trop miserable pour se payer un apprentissage, meme qui ne lui eut rien coute. De quoi eut-elle vecu pendant le temps de cet apprentissage? Il y a une saison ou les pommes manquent; alors elle vendait des fleurs et elle quittait les Invalides pour des quartiers ou l'on a de l'argent a depenser aux superfluites du luxe. Un jour qu'elle se tenait au coin du pont de l'Alma et du Cours-la-Reine, avec un eventaire charge de violettes pendu a son cou, un phaeton s'arreta devant elle, et un jeune homme lui demanda un bouquet de deux sous. Elle le presenta, le jeune homme la regarda longuement et, lui ayant donne les deux sous, il continua son chemin: elle le suivit des yeux jusqu'au moment ou il disparut dans la confusion des voitures. Elle le connaissait bien, ce jeune homme, pour le voir souven
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