ntalon gris et d'une redingote noire boutonnee, parut devant elle; de
la main il lui fit signe d'entrer et elle se trouva dans un vaste
atelier tendu de tapisseries anciennes, dans l'ameublement duquel
respirait un ordre meticuleux.
--Qui ai-je l'honneur de recevoir? demanda Maraval en lui indiquant de
la main un fauteuil.
--Mademoiselle Harol.
C'etait le nom qu'elle avait choisi et sous lequel elle voulait etre
connue desormais, non-seulement au theatre, mais dans le monde.
C'etait a elle d'expliquer le but de sa visite, et si grand que fut son
trouble, il fallait qu'elle parlat.
--Je viens, dit-elle, vous demander si vous voulez bien me donner des
lecons.
Sans repondre, Maraval fit un signe qui pouvait passer pour un
assentiment.
Madeleine continua:
--Je ne suis pas tout a fait une commencante, j'ai travaille, j'ai meme
beaucoup travaille.
--Avec qui, je vous prie?
Madeleine avait prevu cette question et elle avait prepare sa reponse en
consequence.
--Je ne suis pas de Paris, j'habite la province, Orleans.
--Je connais les bons professeurs d'Orleans; est-ce Ferriol, qui a ete
votre maitre, Delecourt, ou Bortha?
--J'ai travaille sous la direction de mon pere, qui n'etait point
artiste de profession.
--Ah! tres bien, dit Maraval avec un geste involontaire qu'il etait
facile de comprendre.
Madeleine le comprit et vit que Maraval avait son opinion faite sur les
professeurs qui n'etaient point artistes de profession; il fallait donc
effacer au plus vite et tout d'abord cette mauvaise impression.
--Voulez-vous me permettre de vous dire un morceau? demanda-t-elle.
--Volontiers. Soprano, n'est-ce pas?
--Oui, monsieur. Que voulez-vous?
--Ce que vous voudrez vous-meme, vous pouvez vous accompagner?
--Oui, monsieur.
Avec une politesse ou il y avait une legere nuance d'ennui, il lui
montra un piano.
Elle s'assit. Autant elle s'etait sentie faible quelques instants
auparavant, autant maintenant elle etait resolue.
Sa pensee n'etait plus dans ce salon, mais plus loin, a Saint-Aubin,
dans le cimetiere ou son pere reposait, et c'etait le souvenir de ce
pere bien-aime qu'elle invoquait.
C'etait son jugement que Maraval allait prononcer: elle voulut qu'il
fut rendu en connaissance de cause, et elle choisit le grand air du
_Freyschutz_.
Aux premieres mesures Maraval, qui avait garde son attitude composee,
preta l'oreille.
Madeleine commenca le recitatif:
Le calme se r
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