decouvrirent.
-- La grosse tete ronde! murmura chaque voix.
-- Oui, dit Cadoudal.
Un homme s'approcha de Georges.
-- N'etiez-vous pas prevenu, et par Benedicite et par Monte-a-
l'assaut? demanda-t-il.
-- Si fait; est-ce donc la diligence de Ploermel a Vannes que vous
ramenez la?
-- Oui, mon general; elle a ete arretee entre Trefleon et Saint-
Nolf.
-- Est-il dedans?
-- On le croit.
-- Faites selon votre conscience; s'il y a crime vis-a-vis de
Dieu, prenez-le sur vous; je ne me charge que de la responsabilite
vis-a-vis des hommes; j'assisterai a ce qui va se passer, mais
sans y prendre part, ni pour l'empecher, ni pour y aider.
-- Eh bien, demanderent cent voix, qu'a-t-il dit, Sabre-tout?
-- Il a dit que nous pouvions faire selon notre conscience, et
qu'il s'en lavait les mains.
-- Vive la grosse tete ronde! s'ecrierent tous les assistants en
se precipitant vers la diligence.
Cadoudal resta immobile au milieu de ce torrent.
Roland etait debout pres de lui, immobile comme lui, plein de
curiosite; car il ignorait completement de qui et de quoi il etait
question.
Celui qui etait venu parler a Cadoudal, et que ses compagnons
avaient designe sous le nom de Sabre-tout, ouvrit la portiere.
On vit alors les voyageurs se presser, tremblants, dans les
profondeurs de la diligence.
-- Si vous n'avez rien a vous reprocher contre le roi et la
religion, dit Sabre-tout d'une voix pleine et sonore, descendez
sans crainte; nous ne sommes pas des brigands, nous sommes des
chretiens et des royalistes.
Sans doute cette declaration rassura les voyageurs, car un homme
se presenta a la portiere et descendit, puis deux femmes, puis une
mere serrant son enfant entre ses bras, puis un homme encore.
Les Chouans les recevaient au bas du marchepied, les regardaient
avec attention, puis, ne reconnaissant pas celui qu'ils
cherchaient: "Passez!"
Un seul homme resta dans la voiture.
Un Chouan y introduisit la flamme d'une torche, et l'on vit que
cet homme etait un pretre.
-- Ministre du Seigneur, dit Sabre-tout, pourquoi ne descends-tu
pas avec les autres? n'as-tu pas entendu que j'ai dit que nous
etions des royalistes et des chretiens?
Le pretre ne bougea pas; seulement ses dents claquerent.
-- Pourquoi cette terreur? continua Sabre-tout; ton habit ne
plaide-t-il pas pour toi?... L'homme qui porte une soutane ne peut
avoir rien fait contre la royaute ni contre la religion.
Le pretre se rama
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