u chaude, de
sorte qu'il elevait la temperature de son bain a un degre que ne
pouvait supporter le lecteur, qui d'ailleurs n'y voyait plus pour
lire.
Seulement alors, il permettait que l'on ouvrit la porte.
On a parle des attaques d'epilepsie auxquelles, des la premiere
campagne d'Italie, il aurait ete sujet; Bourrienne est reste onze
ans pres de lui et ne l'a jamais vu atteint de ce mal.
D'un autre cote, infatigable le jour, il avait la nuit un
imperieux besoin de sommeil, surtout dans la periode ou nous le
prenons; Bonaparte, general ou premier consul, faisait veiller les
autres, mais dormait, lui, et dormait bien. Il se couchait a
minuit, quelquefois meme plus tot, nous l'avons dit, et, lorsque,
a sept heures du matin, on entrait dans sa chambre pour
l'eveiller, on le trouvait toujours endormi; le plus souvent, au
premier appel, il se levait; mais parfois, tout sommeillant
encore, il disait en balbutiant:
-- Bourrienne, je t'en prie, laisse-moi dormir encore un moment.
Et, quand rien ne pressait, Bourrienne rentrait a huit heures;
sinon il insistait, et, tout en grognant, Bonaparte finissait par
se lever.
Il dormait sept heures sur vingt-quatre, parfois huit heures,
faisant alors une courte sieste dans l'apres-midi.
Aussi avait-il des instructions particulieres pour la nuit.
-- La nuit, disait-il, vous entrerez, en general, le moins
possible dans ma chambre; ne m'eveillez jamais quand vous aurez
une bonne nouvelle a m'annoncer: une bonne nouvelle peut attendre;
mais, s'il s'agit d'une mauvaise nouvelle, reveillez-moi a
l'instant meme; car, alors, il n'y a pas un instant a perdre pour
y faire face.
Des que Bonaparte etait leve et avait fait sa toilette du matin,
toujours tres complete, son valet de chambre entrait, lui faisait
la barbe et peignait ses cheveux; pendant qu'on le rasait, un
secretaire ou un aide de camp lui lisait les journaux en
commencant toujours par le _Moniteur. _Il ne donnait d'attention
reelle qu'aux journaux anglais et allemands.
-- Passez, passez, disait-il a la lecture des journaux francais;
_je sais ce qu'ils disent, parce qu'ils ne disent que ce que je
veux._
La toilette de Bonaparte faite dans sa chambre a coucher, il
descendait dans son cabinet. Nous avons vu plus haut ce qu'il y
faisait.
A dix heures, on annoncait, avons-nous dit, le dejeuner.
C'etait le maitre d'hotel qui faisait cette annonce et il la
faisait en ces termes:
-- Le general est servi.
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