evoir.
La sentinelle echangea quelques mots tout bas avec Montbar, qui
semblait, en remplissant les devoirs d'un chef, vouloir laisser
Morgan tout entier a ses pensees; puis, comme sa faction sans
doute n'etait point achevee, le bandit remonta dans les branches
du chene, et, au bout d'un instant, se trouva si bien ne faire
qu'un avec le corps de l'arbre, que ceux a la vue desquels il
venait d'echapper le cherchaient vainement dans son bastion
aerien.
Le defile devenait plus etroit au fur et a mesure qu'on approchait
de l'entree de la grotte.
Montbar y penetra le premier, et, d'un enfoncement ou il les
savait trouver, tira un briquet, une pierre a feu, de l'amadou,
des allumettes et une torche.
L'etincelle jaillit, l'amadou prit feu, l'allumette repandit sa
flamme bleuatre et incertaine, a laquelle succeda la flamme
petillante et resineuse de la torche.
Trois ou quatre chemins se presentaient, Montbar en prit un sans
hesiter.
Ce chemin tournait sur lui-meme en s'enfoncant dans la terre; on
eut dit que les jeunes gens reprenaient sous le sol la trace de
leurs pas, et suivaient le contre-pied de la route qui les avait
amenes.
Il etait evident que l'on parcourait les detours d'une ancienne
carriere, peut-etre celle d'ou sortirent, il y a dix-neuf cents
ans, les trois villes romaines qui ne sont plus aujourd'hui que
des villages, et le camp de Cesar qui les surmonte.
De place en place, le sentier souterrain que l'on suivait etait
coupe dans toute sa largeur par un large fosse, franchissable
seulement a l'aide d'une planche, que l'on pouvait d'un coup de
pied faire tomber au fond de la tranchee.
De place en place encore, on voyait des epaulements derriere
lesquels on pouvait se retrancher et faire feu, sans exposer a la
vue de l'ennemi aucune partie de son corps.
Enfin, a cinq cents pas de l'entree a peu pres, une barricade a
hauteur d'homme offrait un dernier obstacle a ceux qui eussent
voulu parvenir jusqu'a une espece de rotonde ou se tenaient, assis
ou couches, une dizaine d'hommes occupes, les uns a lire, les
autres a jouer.
Aucun des lecteurs ni des joueurs ne se derangea au bruit des pas
des arrivants, ou a la vue de la lumiere qui se jouait sur les
parois de la carriere, tant ils etaient surs que des amis seuls
pouvaient penetrer jusqu'a eux, gardes comme ils l'etaient.
Au reste, l'aspect qu'offrait ce campement etait des plus
pittoresques; les bougies, qui brulaient a profusion -- les
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