dement de la garde des consuls.
Il avait cru que c'etait le moment de faire l'aveu de son amour
pour mademoiselle Bonaparte, amour parfaitement connu de
Josephine, qui l'avait favorise.
Josephine avait eu deux raisons pour cela.
D'abord, elle etait femme dans toute la charmante acception du
mot, c'est-a-dire que toutes les douces passions de la femme lui
etaient sympathiques; Joachim aimait Caroline, Caroline aimait
Murat, c'etait deja chose suffisante pour qu'elle protegeat cet
amour.
Puis Josephine etait detestee des freres de Bonaparte; elle avait
des ennemis acharnes dans Joseph et Lucien; elle n'etait pas
fachee de se faire deux amis devoues dans Murat et Caroline.
Elle encouragea donc Murat a s'ouvrir a Bonaparte.
Trois jours avant la ceremonie que nous avons racontee plus haut,
Murat etait donc entre dans le cabinet de Bonaparte, et, apres de
longues hesitations et des detours sans fin, il en etait arrive a
lui exposer sa demande.
Selon toute probabilite, cet amour des deux jeunes gens l'un pour
l'autre n'etait point une nouvelle pour le premier consul.
Celui-ci accueillit l'ouverture avec une gravite severe et se
contenta de repondre qu'il y songerait.
La chose meritait que l'on y songeat, en effet: Bonaparte etait
issu d'une famille noble, Murat etait le fils d'un aubergiste.
Cette alliance, dans un pareil moment, avait une grande
signification.
Le premier consul, malgre la noblesse de sa famille, malgre le
rang eleve qu'il avait conquis, etait-il, non seulement assez
republicain, mais encore assez democrate pour meler son sang a un
sang roturier?
Il ne reflechit pas longtemps: son sens si profondement droit, son
esprit si parfaitement logique lui dirent qu'il avait tout interet
a le faire, et, le jour meme, il donna son consentement au mariage
de Murat et de Caroline.
Les deux nouvelles de ce mariage et du demenagement pour les
Tuileries furent donc lancees en meme temps dans le public; l'une
devait servir de contrepoids a l'autre.
Le premier consul allait occuper la residence des anciens rois,
coucher dans le lit des Bourbons, comme on disait a cette epoque;
mais il donnait sa soeur au fils d'un aubergiste.
Maintenant, quelle dot apportait au heros d'Aboukir la future
reine de Naples?
Trente mille francs en argent et un collier de diamants que le
premier consul prenait a sa femme, etant trop pauvre pour en
acheter un. Cela faisait un peu grimacer Josephine, qui tenait
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