me temps celle de Geneve.
Il etait evident qu'a moins de revenir sur ses pas, ce qui n'etait
pas probable, M. de Valensolle prendrait une de ces trois routes.
Le pere partit d'un cote, le fils de l'autre.
Michel remonta vers la ville par la route de Pont-d'Ain, en
passant devant l'eglise de Brou.
Jacques traversa la Reyssouse, suivit la rive droite de la petite
riviere, et se trouva, en appuyant d'une centaine de pas hors du
faubourg, a l'angle aigu que faisaient les trois routes en
aboutissant a la ville.
Au meme moment, a peu pres, ou le fils prenait son poste, le pere
devait etre arrive au sien.
En ce moment encore, c'est-a-dire vers sept heures du soir,
interrompant la solitude et le silence accoutumes du chateau des
Noires-Fontaines, une voiture de poste s'arretait devant la
grille, et un domestique en livree tirait la chaine de fer de la
sonnette.
C'eut ete l'office de Michel d'ouvrir, mais Michel etait ou vous
savez.
Amelie et Charlotte comptaient probablement sur lui, car le
tintement de la cloche se renouvela trois fois sans que personne
vint ouvrir.
Enfin, la femme de chambre parut au haut de l'escalier. Elle
s'approcha timidement, appelant Michel.
Michel ne repondit point.
Enfin, protegee par la grille, Charlotte se hasarda a s'approcher.
Malgre l'obscurite, elle reconnut le domestique.
-- Ah! c'est vous, monsieur James? s'ecria-t-elle un peu rassuree.
James etait le domestique de confiance de sir John.
-- Oh! oui, dit le domestique, ce etait moi, mademoiselle
Charlotte, ou plutot ce etait milord.
En ce moment, la portiere s'ouvrit et l'on entendit la voix de sir
John qui disait:
-- Mademoiselle Charlotte, veuillez dire a votre maitresse que
j'arrive de Paris et que je viens m'inscrire chez elle, non pas
pour etre recu ce soir, mais pour lui demander la permission de me
presenter demain, si elle veut bien m'accorder cette faveur;
demandez-lui l'heure a laquelle je serai le moins indiscret.
Mademoiselle Charlotte avait une grande consideration pour milord;
aussi s'empressa-t-elle de s'acquitter de la commission.
Cinq minutes apres, elle revenait annoncer a milord qu'il serait
revu le lendemain, de midi a une heure.
Roland savait ce que venait faire milord; dans son esprit, le
mariage etait decide, et sir John etait son beau-frere.
Il hesita un instant pour savoir s'il se ferait reconnaitre a lui
et s'il le mettrait de moitie dans ses projets; mais il reflechit
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