oment! Mes amis sont attaques! Amelie,
adieu, adieu!
-- Comment! adieu? s'ecria Amelie palissante; tu me quittes?
Le bruit de la fusillade devint plus distinct.
-- N'entends-tu pas? Ils se battent, et je ne suis pas la pour me
battre avec eux!
Fille et soeur de soldat, Amelie comprit tout, et n'essaya point
de resister.
-- Va, dit-elle en laissant tomber ses bras; tu avais raison, nous
sommes perdus.
Le jeune homme poussa un cri de rage, saisit une seconde fois la
jeune fille, la serra sur sa poitrine, comme s'il voulait
l'etouffer; puis, bondissant du haut en bas du perron, et
s'elancant dans la direction de la fusillade avec la rapidite du
daim poursuivi par les chasseurs:
-- Me voila, amis! cria-t-il, me voila!
Et il disparut comme une ombre sous les grands arbres du parc.
Amelie tomba a genoux, les bras etendus vers lui, mais sans avoir
la force de le rappeler; ou, si elle le rappela, ce fut d'une voix
si faible que Morgan ne lui repondit point, et ne ralentit point
sa course pour lui repondre.
XLIX -- LA REVANCHE DE ROLAND
On devine ce qui s'etait passe.
Roland n'avait point perdu son temps avec le capitaine de
gendarmerie et le colonel de dragons.
Ceux-ci, de leur cote, n'avaient pas oublie qu'ils avaient une
revanche a prendre.
Roland avait decouvert au capitaine de gendarmerie le passage
souterrain qui communiquait de l'eglise de Brou a la grotte de
Ceyzeriat.
A neuf heures du soir, le capitaine et les dix-huit hommes qu'il
avait sous ses ordres devaient entrer dans l'eglise, descendre
dans le caveau des ducs de Savoie, et fermer de leurs baionnettes
la communication des carrieres avec le souterrain.
Roland, a la tete de vingt dragons, devait envelopper le bois, le
battre en resserrant le demi-cercle, afin que les deux ailes de ce
demi-cercle vinssent aboutir a la grotte de Ceyzeriat.
A neuf heures, le premier mouvement devait etre fait de ce cote,
se combinant avec celui du capitaine de gendarmerie.
On a vu, par les paroles echangees entre Amelie et Morgan, quelles
etaient pendant ce temps les dispositions des compagnons de Jehu.
Les nouvelles arrivees a la fois de Mittau et de Bretagne avaient
mis tout le monde a l'aise; chacun se sentait libre et, comprenant
que l'on faisait une guerre desesperee, etait joyeux de sa
liberte.
Il y avait donc reunion complete dans la grotte de Ceyzeriat,
presque une fete; a minuit, tous se separaient, et chacun, selon
les faci
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