commandement n'etait pas prononce, que le souterrain s'eclaira
avec une detonation terrible.
Dix carabines venaient de faire feu a la fois.
A la lueur de cet eclair, Montbar et ses compagnons purent
apercevoir et reconnaitre l'uniforme des gendarmes.
-- Feu! cria a son tour Montbar.
Sept ou huit coups de fusil retentirent a ce commandement.
La voute obscure s'eclaira de nouveau.
Deux compagnons de Jehu gisaient sur le sol, l'un tue raide,
l'autre blesse mortellement.
-- La retraite est coupee, dit Montbar; volte-face, mes amis; si
nous avons une chance, c'est du cote de la foret.
Le mouvement se fit avec la regularite d'une manoeuvre militaire.
Montbar se retrouva a la tete de ses compagnons, et revint sur ses
pas.
En ce moment, les gendarmes firent feu une seconde fois.
Personne ne riposta: ceux qui avaient decharge leurs armes les
rechargerent; ceux qui n'avaient pas tire se tenaient prets pour
la veritable lutte, qui allait avoir lieu a l'entree de la grotte.
Un ou deux soupirs indiquerent seuls que cette riposte de la
gendarmerie n'etait point sans resultat.
Au bout de cinq minutes, Montbar s'arreta.
On etait revenu a la hauteur du carrefour, a peu pres.
-- Tous les fusils et tous les pistolets sont-ils charges?
demanda-t-il.
-- Tous, repondirent une douzaine de voix.
-- Vous vous rappelez le mot d'ordre pour ceux de nous qui
tomberont entre les mains de la justice: nous appartenons aux
bandes de M. Teyssonnet; nous sommes venus pour recruter des
hommes a la cause royaliste; nous ne savons pas ce que l'on veut
dire quand on nous parle des malles-poste et des diligences
arretees.
-- C'est convenu.
-- Dans l'un ou l'autre cas, c'est la mort, nous le savons bien;
mais c'est la mort du soldat au lieu de la mort des voleurs, la
fusillade au lieu de la guillotine.
-- Et la fusillade, dit une voix railleuse, nous savons ce que
c'est. Vive la fusillade!
-- En avant, mes amis, dit Montbar, et vendons-leur notre vie ce
qu'elle vaut, c'est-a-dire le plus cher possible.
-- En avant! repeterent les compagnons.
Et aussi rapidement qu'il etait possible de le faire dans les
tenebres, la petite troupe se remit en marche, toujours conduite
par Montbar.
A mesure qu'ils avancaient, Montbar respirait une odeur de fumee
qui l'inquietait.
En meme temps, se refletaient sur les parois des murailles et aux
angles des piliers, certaines lueurs qui indiquaient qu'il se
passait quelq
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