-- Ne vous echauffez pas, cher ami, lui dit Roland; je connais sir
John, et je crois qu'il sera plus coulant que vous.
Les deux jeunes gens sortirent et se presenterent de nouveau chez
sir John.
Ils le trouverent dejeunant a l'anglaise, c'est-a-dire avec un
bifteck, des pommes de terre et du the.
Celui-ci, a leur aspect, se leva, leur offrit de partager son
repas, et, sur leur refus, se mit a leur disposition.
Les deux amis de Roland commencerent par annoncer a lord Tanlay
qu'il pouvait compter sur l'un d'eux pour l'assister.
Puis celui qui restait dans les interets de Roland etablit les
conditions de la rencontre.
A chaque exigence de Roland, sir John inclinait la tete en signe
d'assentiment, et se contentait de repondre:
-- Tres bien.
Celui des deux jeunes gens qui etait charge de prendre ses
interets voulut faire quelques observations sur un mode de combat
qui devait, a moins d'un hasard impossible, amener a la fois la
mort des deux combattants; mais lord Tanlay le pria de ne pas
insister.
-- M. de Montrevel est galant homme, dit-il; je desire ne le
contrarier en rien; ce qu'il fera sera bien fait.
Restait l'heure a laquelle on se rencontrerait.
Sur ce point comme sur les autres, lord Tanlay se mettait
entierement a la disposition de Roland.
Les deux temoins quitterent sir John encore plus enchantes de lui
a cette seconde entrevue qu'a la premiere.
Roland les attendait; ils lui raconterent tout.
-- Que vous avais-je dit? fit Roland.
Ils lui demanderent l'heure et le lieu: Roland fixa sept heures du
soir et l'allee de la Muette; c'etait l'heure ou le bois etait a
peu pres desert et le jour serait encore assez clair -- on se
rappelle que l'on etait au mois de juin -- pour que deux
adversaires pussent se battre a quelque arme que ce fut.
Personne n'avait parle des pistolets: les deux jeunes gens
offrirent a Roland d'en prendre chez un armurier.
-- Non, dit Roland; lord Tanlay a une paire d'excellents pistolets
dont je me suis deja servi; s'il n'a pas de repugnance a se battre
avec ses pistolets, je les prefere a tous les autres.
Celui des deux jeunes gens qui devait servir de temoin a sir John
alla retrouver son client et lui posa les trois dernieres
questions, a savoir: si l'heure et le lieu de la rencontre lui
convenaient, et s'il voulait que ses pistolets servissent au
combat.
Lord Tanlay repondit en reglant sa montre sur celle de son temoin
et en lui remettant la boite
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