es avec une masse compacte et
immobile, il charge en flanc, penetre dans un intervalle, l'ouvre,
la brise, l'ecartele; en moins d'un quart d'heure, les cinq mille
grenadiers autrichiens qui composent cette masse sont enfonces,
culbutes, disperses, foudroyes, aneantis, ils disparaissent comme
une fumee; le general Zach et son etat-major sont faits
prisonniers; c'est tout ce qu'il en reste.
Alors, a son tour, l'ennemi veut faire donner son immense
cavalerie; mais le feu continuel de la mousqueterie, la mitraille
devorante et la terrible baionnette l'arretent court.
Murat manoeuvre sur les flancs avec deux pieces d'artillerie
legere et un obusier qui envoient la mort en courant.
Un instant il s'arrete pour degager Roland et ses neuf cents
hommes; un de ses obus tombe dans les rangs des Autrichiens et
eclate; une ouverture se fait pareille a un gouffre de flammes:
Roland s'y elance, un pistolet d'une main, son sabre de l'autre;
toute la garde consulaire le suit, ouvrant les rangs autrichiens
comme un coin de fer ouvre un tronc de chene; il penetre jusqu'a
un caisson brise qu'entoure la masse ennemie; il introduit son
bras arme du pistolet dans l'ouverture du caisson et fait feu.
Une detonation effroyable se fait entendre, un volcan s'est ouvert
et a devore tout ce qui l'entourait.
Le corps d'armee du general Elsnitz est en pleine deroute.
Alors tout plie, tout recule, tout se debande; les generaux
autrichiens, veulent en vain soutenir la retraite, l'armee
francaise franchit en une demi-heure la plaine qu'elle a defendue
pied a pied pendant huit heures.
L'ennemi ne s'arrete qu'a Marengo, ou il tente en vain de se
reformer sous le feu des artilleurs de Carra-Saint-Cyr, oublies a
Castel-Ceriolo, et qu'on retrouve au denouement de la journee;
mais arrivent au pas de course les divisions Desaix, Gardanne et
Chamberlhac, qui poursuivent les Autrichiens de rue en rue.
Marengo est emporte; l'ennemi se retire sur la position de Petra-
Bana, qui est emportee comme Marengo.
Les Autrichiens se precipitent vers les ponts de la Bormida, mais
Carra-Saint-Cyr y est arrive avant eux: alors la multitude des
fuyards cherche les gues, et s'elance dans la Bormida sous le feu
de toute notre ligne, qui ne s'eteint qu'a dix heures du soir...
Les debris de l'armee autrichienne regagnerent leur camp
d'Alexandrie; l'armee francaise bivouaqua devant les tetes de
pont.
La journee avait coute aux Autrichiens quatre mille cinq cen
|