sees sur la Scrivia et
qui viennent d'arriver.
-- Et huit pieces que j'amene, dit Desaix.
-- Dix-huit pieces, reprit Marmont, c'est tout ce qu'il me faut.
Un aide de camp partit pour hater l'arrivee des pieces de Desaix.
La reserve approchait toujours et n'etait plus qu'a un demi-quart
de lieue.
La position, du reste, semblait choisie a l'avance; a la gauche de
la route s'elevait une haie gigantesque, perpendiculaire au chemin
et protegee par un talus.
On y fit filer l'infanterie au fur et a mesure qu'elle arrivait;
la cavalerie elle-meme put se dissimuler derriere ce large rideau.
Pendant ce temps, Marmont avait reuni ses dix-huit pieces de canon
et les avait mises en batterie sur le front droit de l'armee.
Tout a coup, elles eclaterent et vomirent sur les etrangers un
deluge de mitraille.
Il y eut dans les rangs ennemis un moment d'hesitation.
Bonaparte en profita pour passer sur toute la ligne francaise.
-- Camarades, s'ecria-t-il, c'est assez faire de pas en arriere,
souvenez-vous que c'est mon habitude de coucher sur le champ de
bataille.
En meme temps, et comme pour repondre a la canonnade de Marmont,
des feux de peloton eclatent a gauche, prenant les Autrichiens en
flanc.
C'est Desaix et sa division qui les foudroient a bout portant et
en plein travers.
Toute l'armee comprend que c'est la reserve qui donne et qu'il
faut l'aider d'un effort supreme.
Le mot "En avant!" retentit de l'extreme gauche a l'extreme
droite.
Les tambours battent la charge.
Les Autrichiens, qui n'ont pas vu les renforts qui viennent
d'arriver et qui, croyant la journee a eux, marchaient le fusil
sur l'epaule comme a une promenade, sentent qu'il vient de se
passer dans nos rangs quelque chose d'etrange, et veulent retenir
la victoire qu'ils sentent glisser entre leurs mains.
Mais partout les Francais ont repris l'offensive, partout le
terrible pas de charge et la victorieuse _Marseillaise _se font
entendre; la batterie de Marmont vomit le feu; Kellermann s'elance
avec ses cuirassiers et traverse les deux lignes ennemies.
Desaix saute les fosses, franchit les haies, arrive sur une petite
eminence et tombe au moment ou il se retourne pour voir si sa
division le suit; mais sa mort, au lieu de diminuer l'ardeur de
ses soldats, la redouble: ils s'elancent a la baionnette sur la
colonne du general Zach.
En ce moment, Kellermann, qui a traverse les deux lignes ennemies,
voit la division Desaix aux pris
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