al se leva, fit reveiller
tout le monde, donna ses ordres, puis se recoucha et se rendormit.
Le meme jour, il quitta Milan, etablit son quartier general a la
Stradella, y resta jusqu'au 12 juin, en partit le 13, et marchant
sur la Scrivia, traversa Montebello, ou il vit le champ de
bataille tout saignant et tout dechire encore de la victoire de
Lannes. La trace de la mort etait partout; l'eglise regorgeait de
morts et de blesses.
-- Diable! fit le premier consul en s'adressant au vainqueur, il
parait qu'il a fait chaud, ici!
-- Si chaud, general, que les os craquaient dans ma division comme
la grele qui tombe sur les vitrages.
Le 11 juin, pendant que le general etait a la Stradella, Desaix
l'y avait rejoint.
Libre en vertu de la capitulation d'El-Arich, il etait arrive a
Toulon le 6 mai, c'est-a-dire le jour meme ou Bonaparte etait
parti de Paris.
Au pied du Saint-Bernard, le premier consul avait recu une lettre
de Desaix, lui demandant s'il devait partir pour Paris ou
rejoindre l'armee.
-- Ah bien oui, partir pour Paris! avait repondu Bonaparte;
ecrivez-lui de nous rejoindre en Italie partout ou nous serons, au
quartier general.
Bourrienne avait ecrit, et, comme nous l'avons dit, Desaix etait
arrive le 12 juin a la Stradella.
Le premier consul l'avait recu avec une double joie: d'abord, il
retrouvait un homme sans ambition, un officier intelligent, un ami
devoue; ensuite, Desaix arrivait juste pour remplacer dans le
commandement de sa division, Boudet, qui venait d'etre tue.
Sur un faux rapport du general Gardanne, le premier consul avait
cru que l'ennemi refusait la bataille et se retirait sur Genes; il
envoya Desaix et sa division sur la route de Novi pour lui couper
la retraite.
La nuit du 13 au 14 s'etait passee le plus tranquillement du
monde. Il y avait eu, la veille, malgre un orage terrible, un
engagement dans lequel les Autrichiens avaient ete battus. On eut
dit que la nature et les hommes etaient fatigues et se reposaient.
Bonaparte etait tranquille; un seul pont existait sur la Bormida,
et on lui avait affirme que ce pont etait coupe.
Des avant-postes avaient ete places aussi loin que possible du
cote de la Bormida, et ils etaient eclaires eux-memes par des
groupes de quatre hommes.
Toute la nuit fut occupee par l'ennemi a passer la riviere.
A deux heures du matin, deux des groupes de quatre hommes furent
surpris; sept hommes furent egorges; le huitieme s'echappa et
vint
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