fois encore, vous vouliez
mourir; mais, par bonheur, Dieu n'a pas permis que je fusse votre
meurtrier!
Les deux temoins s'approcherent.
-- Qu'y a-t-il donc? demanderent-ils.
-- Rien, fit Roland, sinon que, decide a mourir, je voulais du
moins mourir de la main de l'homme que j'aime le mieux au monde;
par malheur, vous l'avez vu, il preferait mourir lui-meme plutot
que de me tuer. Allons, ajouta Roland d'une voix sourde, je vois
bien que c'est une besogne qu'il faut reserver aux Autrichiens.
Puis, se jetant encore une fois dans les bras de lord Tanlay, et
serrant la main de ses deux amis:
-- Excusez-moi, messieurs, dit-il; mais le premier consul va
livrer une grande bataille en Italie, et je n'ai pas de temps a
perdre si je veux en etre.
Et, laissant sir John donner aux officiers les explications que
ceux-ci jugeaient convenable de lui demander, Roland regagna
l'allee, sauta sur son cheval et retourna vers Paris au galop.
Toujours possede de cette fatale manie de la mort, nous avons dit
quel etait son dernier espoir.
CONCLUSION
Cependant l'armee francaise avait continue sa marche, et, le 2
juin, elle etait entree a Milan.
Il y avait eu peu de resistance: le fort de Milan avait ete
bloque. Murat, envoye a Plaisance, s'en etait empare sans coup
ferir. Enfin, Lannes avait battu le general Ott a Montebello.
Ainsi place, on se trouvait sur les derrieres de l'armee
autrichienne, sans que celle-ci s'en doutat.
Dans la nuit du 8 juin etait arrive un courrier de Murat, qui,
ainsi que nous venons de le dire, occupait Plaisance; Murat avait
intercepte une depeche du general Melas et l'envoyait au premier
consul.
Cette depeche annoncait la capitulation de Genes: Massena, apres
avoir mange les chevaux, les chiens, les chats, les rats, avait
ete force de se rendre.
Melas, au reste, traitait l'armee de reserve avec le plus profond
dedain; il parlait de la presence de Bonaparte en Italie comme
d'une fable, et savait de source certaine que le premier consul
etait toujours a Paris.
C'etaient la des nouvelles qu'il fallait communiquer sans retard a
Bonaparte, la reddition de Genes les rangeant dans la categorie
des mauvaises.
En consequence, Bourrienne reveilla le general a trois heures du
matin et lui traduisit la depeche.
Le premier mot de Bonaparte fut:
-- Bourrienne, vous ne savez pas l'allemand!
Mais Bourrienne recommenca la traduction mot a mot.
Apres cette seconde lecture, le gener
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