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chef de l'armee autrichienne, avait acheve de reunir les troupes
des generaux Haddick, Kaim et Ott, avait passe le Tanaro, et etait
venu camper en avant d'Alexandrie avec trente-six mille hommes
d'infanterie, sept mille de cavalerie et une artillerie nombreuse,
bien servie et bien attelee.
A quatre heures du matin, la fusillade s'engageait sur la droite,
et le general Victor assignait a chacun sa ligne de bataille.
A cinq heures, Bonaparte fut reveille par le bruit du canon.
Au moment ou il s'habillait a la hate, un aide de camp de Victor
accourut lui annoncer que l'ennemi avait passe la Bormida et que
l'on se battait sur toute la ligne.
Le premier consul se fit amener son cheval, sauta dessus, s'elanca
au galop vers l'endroit ou la bataille etait engagee.
Du sommet d'un monticule, il vit la position des deux armees.
L'ennemi etait forme sur trois colonnes; celle de gauche, composee
de toute la cavalerie et de l'infanterie legere, se dirigeait vers
Castel-Ceriolo par le chemin de Salo, en meme temps que les
colonnes du centre et de la droite, appuyees l'une a l'autre, et
comprenant les corps d'infanterie des generaux Haddick, Kaim et
O'Reilly et la reserve des grenadiers aux ordres du general Ott,
s'avancaient par la route de Tortone en remontant la Bormida.
A leurs premiers pas au-dela de la riviere, ces deux dernieres
colonnes etaient venues se heurter aux troupes du general
Gardanne, postees, comme nous l'avons dit, a la ferme et sur le
ravin de Petra-Bona; c'etait le bruit de l'artillerie marchant
devant elles qui attirait Bonaparte sur le champ de bataille.
Il arriva juste au moment ou la division Gardanne, ecrasee par le
feu de cette artillerie, commencait a se replier, et ou le general
Victor faisait avancer a son secours la division Chamberlhac.
Soutenues par ce mouvement, les troupes de Gardanne operaient leur
retraite en bon ordre et couvraient le village de Marengo.
La situation etait grave; toutes les combinaisons du general en
chef etaient renversees. Au lieu d'attaquer, selon son habitude,
avec des forces savamment massees, il se voyait attaque lui-meme
avant d'avoir pu concentrer ses troupes.
Profitant du terrain qui s'elargissait devant eux, les Autrichiens
cessaient de marcher en colonnes et se deployaient en lignes
paralleles a celles des generaux Gardanne et Chamberlhac;
seulement, ils etaient deux contre un.
La premiere des lignes ennemies etait commandee par le general
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